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La FIL partie prenante dans les débats mondiaux

Lors de son congrès annuel, à Vilnius, en Lituanie, la FIL a montré une nouvelle dynamique. La stratégie présentée confirme son implication dans les réflexions en cours pour nourrir durablement la planète en 2050.

 

Vilnius, capitale de la Lituanie, a accueilli en septembre dernier le 25e congrès de la Fédération internationale du lait (FIL). Un événement de grande importance pour ce pays qui compte moins de 3 millions d’habitants mais dont les exportations de produits laitiers représentent 54 % du chiffre d’affaires du secteur (616 millions d’euros en 2014). La Lituanie s’appuie aujourd’hui sur une industrie laitière forte, riche de cinq entreprises dotées des technologies les plus modernes. L’embargo russe, même s’il a mis à terre le secteur dans un premier temps (60 % des exportations de produits laitiers lui étaient destinées), a conduit les acteurs à repousser les lignes de leur horizon. « C’est un nouveau challenge. Nous avons établi des relations avec de nouveaux pays en Asie, en Afrique et en Amérique. Nous exportons désormais nos fabrications dans soixante pays », s’est félicitée la ministre de l’Agriculture dans son discours d’ouverture. Le Congrès de la FIL était une belle occasion pour montrer le dynamisme qui anime le secteur, et c’était une réussite.

La ministre n’a pas oublié de remercier l’UE pour le budget qui est alloué par la PAC à son pays (entrée dans l’UE en 2004). « L’Europe nous permet d’aider nos 59 000 producteurs de lait, dont la moitié possèdent moins de cinq vaches. » La Lituanie compte toutefois 250 fermes avec plus de 2000 vaches.

 

INDE ET CHINE

Un bon exemple quand on veut parler de sécurité alimentaire et de durabilité, le thème du World dairy forum Car comme l’a rappelé le président actuel de la FIL, Jeremy Hill (Fonterra), « il faudra produire deux à trois fois plus de lait dans le monde à l’horizon 2050 ». La FIL qui regroupe 49 pays représentant 80 % du lait produit mondialement, est bien placée pour aider à aller dans ce sens.

Gerda Verbug, membre du comité World Food Security des Nations Unies, l’a signifié dans son discours: « le secteur laitier peut prendre globalement le leadership sur la question du développement durable, car on peut améliorer la sécurité alimentaire avec le lait ». Elle a dans le même temps mis l’accent sur une contradiction : « les fermiers, alors qu’ils produisent nos aliments, sont en général les plus pauvres. Ils doivent être soutenus et bien payés ».

La production laitière durable est en effet loin d’être abordée de la même manière partout sur le globe. L’intervention de Rajni Sekhri Sibal, du bureau du développement laitier du gouvernement indien (NDDB), a montré le gap qui existe entre l’approche de l’Inde, premier producteur de lait mondial, et les grands pays laitiers occidentaux ou même la Chine dans l’appréhension de cette problématique. « La filière laitière indienne est durable car elle fournit des moyens de subsistance aux familles rurales qui détiennent deux à trois vaches. Le système coopératif développé à travers le pays aux moindres frais, sans recours à des chaines de froid et des usines de transformation coûteuses, accorde une attention particulière aux petits producteurs, des fermiers principalement sans terre. 70 millions de familles en profitent. » La Chine a choisi un modèle complètement différent. Elaine Sun, directrice de Mengnui, le leader laitier du pays, veut aller très vite pour répondre aux besoins en lait et produits laitiers des chinois dans les mégapoles. Pour y parvenir elle puise l’expertise là où elle se trouve, autrement dit à l’international. Mengniu a ainsi investi directement en Nouvelle- Zélande à Pengxin et Miraka, dans des entreprises et des pâturages. « Nous inaugurerons une nouvelle usine néo-zélandaise de poudres de lait infantile en novembre prochain », a-t-elle précisé. Le partenariat avec Danone (France) et Arla (Danois) est lui aussi stratégique pour développer la production laitière ainsi que l’offre de produits. Récemment, Mengnui s’est rapproché de l’université de Davis en Californie. Objectif : innover pour gagner encore plus de consommateurs.

 

CONSENSUS

Face à ces deux approches, aux antipodes l’une de l’autre, une question se pose : comment réussir à mettre en place des indicateurs harmonisés de développement durable ?

« La FIL est engagée dans le Global dairy agenda for Action (GDAA)(1), qui a lancé le programme Dairy Sustainability Framework (DSF) pour une filière laitière durable », souligne Jeremy Hill. Le but du DSF est de proposer un cadre qui regroupe les initiatives d’amélioration du développement durable conduites aux quatre coins de la planète. « Chaque pays peut enregistrer ses travaux sur un des critères (gaz à effet de serre, sol, déchets, eau…), suivant l’importance du critère pour sa filière lait. La FIL agrège le tout dans le but de communiquer globalement tout en permettant le partage des expériences », explique Sophie Bertrand, du Cniel, membre du Comité environnement de la FIL. L’organisation internationale fournit par ailleurs des guides méthodologiques pour permettre aux acteurs d’identifier les problèmes et de progresser. Une nouvelle version du guide sur l’empreinte carbone vient d’être publiée (la méthodologie de la FIL été acceptée et adoptée par la FAO). Un guide sur l’eau doit sortir avant la fin de l’année. Le Guide biodiversité est attendu pour 2016. Adhérer à DSF est gratuit(2).

 

(1) GDAA est un groupe de gouvernance qui a sélectionné une équipe indépendante baptisée SustainAbility pour réfléchir sur la durabilité de la filière lait. GDAA regroupe la FIL, EDA, Danone, Arla, FrieslandCampina, Nestlé, Fonterra, Dairy management incorporation, SAI Platform et GDP.

(2) www.dairysustainabilityframework. org

DE NOUVELLES RECRUES

Ce sommet a vu le renforcement des positions françaises au sein de l’organisation avec l’entrée au Bureau de la FIL de Thierry Geslain (Cniel) au côté de Marcel Denieul (FNPL) : la France occupe ainsi deux des huit sièges de ce Bureau, présidé par Jeremy Hill (Fonterra). La filière laitière française maintient également une forte présence au sein de l’autre instance clé dans la gouvernance de la FIL : le SPCC (commission d’organisation et de priorisation du programme de travail). Trois de ses treize membres sont français : Eric Grande (Lactalis), Pierre Schuck (Inra) ont été rejoints cette année par Laurent Damiens (Cniel).

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