Conjoncture
La Covid-19 accélère les tendances en produits de la mer
La filière française améliore sa notoriété. Les produits frais emballés et le traiteur de la mer font un bond en 2020. Mais la nouvelle vague de coronavirus constitue une épreuve de trop pour beaucoup. Enquête.
La filière française améliore sa notoriété. Les produits frais emballés et le traiteur de la mer font un bond en 2020. Mais la nouvelle vague de coronavirus constitue une épreuve de trop pour beaucoup. Enquête.
Sur les deux circuits de commercialisation importants de produits de la mer, la distribution et la restauration, la première a beaucoup moins souffert des restrictions sanitaires liées à la Covid-19. Elle représente 60 à 70 % des ventes. « Des distributeurs ont même bien soutenu la filière française depuis le confinement », souligne Caroline Morlot, responsable marketing et communication de Filière France Pêche (FFP) qui réunit tous les acteurs de la filière pêche française. Et cet été la filière pêche a repris des couleurs. FFP et sa marque Pavillon France ont été très présents sur les réseaux sociaux, diffusant des recettes et mettant au service des particuliers et professionnels une cartographie des points de vente. FFP a aussi mis en place les échanges entre tous les maillons pour piloter au mieux les apports et mettre en adéquation la production et la demande. Caroline Morlot se félicite de la campagne numérique et dans la presse écrite en juillet dernier.
Communiquer sur les stocks, c’est la clé
« Elle nous a donné plus de visibilité auprès des jeunes consommateurs qui sont 75 % entre 25 et 34 ans à être désireux d’acheter de la pêche française », précise-t-elle. Pavillon France a repris la parole en octobre avec des films d’animation sur le thème « Fiers de notre filière ». À travers plusieurs spots concernant quatre espèces, la filière marque son engagement à préserver la ressource et les écosystèmes marins, à améliorer ses techniques, notamment pour « trier sur le fond plutôt que sur le pont », à gérer la pêche pour réduire la consommation des navires. « Nous travaillons énormément sur la connaissance de la ressource. Ces dernières années, nous ont amenés à mieux connaître les stocks. Communiquer sur les stocks, c’est la clé. Les chefs de rayon et acheteurs sont très réceptifs. Un stock réduit ne veut pas dire qu’une espèce est en péril. Les quotas sont adaptés et cette espèce peut être pêchée dans un autre stock », développe Caroline Morlot.
Le rayon marée en progression
L’année 2020 marque un nouveau progrès très net des produits frais emballés. En août, d’après le panel Kantar, le poisson frais emballé – entier et découpé – représentait 31 % du volume vendu au détail, soit 11 % de tonnage en plus qu’en août 2019. Ceci pour des prix inférieurs en moyenne de 4,4 %. Le cumul annuel de janvier à août 2020 donnait une part de marché de 30,4 % en progression de 22,6 % et un prix moyen stable. Cette progression s’est produite alors que certaines espèces se faisaient plus rares. Ainsi, sur la période de janvier à août, la sole est en recul de 22,3 %, le cabillaud de 15,6 %, le bar et le loup de 13,2 %, le lieu noir de 10,1 %. En recul également la lotte et la baudroie, le merlan. L’espèce qui a le plus profité de la période est le saumon qui est en progression de 25,1 % avec un prix moyen en retrait de 3,3 %.
Aidé par la fermeture temporaire des rayons marée en GMS et l’engouement du drive, le frais emballé permet en effet de conserver les produits plus longtemps et de faire moins souvent ses courses. Il permet aussi, quand les techniques de préparation le permettent, de mettre en valeur des espèces qui sont peu attractives à l’étal comme le chinchard ou le tacot. Malgré la réouverture des rayons marée, le libre-service montre toujours une très belle progression à deux chiffres d’après les données IRI, se réjouit-on dans le groupe Labeyrie, dont la marque Delpierre a investi le rayon.
Fermeture de la criée de Dunkerque
L’année réussit aussi très bien au traiteur de la mer. En particulier les poissons panés et grillés, en progression de 13,8 % sur la période, le surimi en progression de 9,6 % et le saumon fumé de 6,1 %. Cette consommation supérieure s’explique en partie par la présence d’enfants dans les foyers avant l’été. En août, le poisson pané ou grillé était encore 15,1 % au-dessus de son tonnage d’août 2019, et le surimi de 7,4 %. En grandes surfaces, le traiteur de la mer a gagné environ 12 % d’après les données IRI.
Le traiteur de la mer a gagné environ 12 % depuis le début de l’année
La marée est importée en large partie, et la bonne tenue de ses ventes ne profite pas à tous les pêcheurs ni mareyeurs. Ces derniers sont en grande partie des PME familiales et dont 95 % ont moins de cinquante salariés. Une mauvaise nouvelle que vient de rapporter le journal Le Marin est la prochaine fermeture définitive de la criée de Dunkerque, votée le 22 octobre par le conseil d’administration de la coopérative maritime de Dunkerque. C’est l’une des trois criées privées en France et elle avait été la première de l'Hexagone à fermer ses portes dans le contexte pandémique, avant de rouvrir le 8 avril trois jours par semaine. Le journal précise que la coopérative elle-même a fait la demande, fin septembre, d’une procédure de sauvegarde auprès du tribunal de commerce.