La conserverie Courtin se donne de l’air à Trégunc
Sa petite usine a des allures de paquebot posé sur la route d’accès du bourg de Trégunc, dans ce Sud-Finistère bucolique baigné par les embruns venus de la mer toute proche. Le site industriel aux couleurs jaune et noir, codes de la marque Courtin, a été mis en service en début d’année après plus de cent ans passés sur le quai du Moros, sur le port de la ville voisine de Concarneau. La conserverie a investi 3,5 millions d’euros pour changer de dimension. Elle se trouvait bien trop à l’étroit dans son atelier de 700 m2 où elle fabriquait depuis des dizaines d’années les recettes inventées en 1893 par le fondateur de la conserverie, Camille Courtin : confit de noix de Saint-Jacques et soupes de poisson, auxquelles ont été ajoutées bien plus tard des rillettes de poisson (200 tonnes environ pour 2,5 millions d’euros de chiffres d’affaires avec une vingtaine de personnes).
3,5 millions d’euros investis
Elle perpétue désormais son savoir-faire dans un outil de 1 800 m2 dont 1 300 m2 dédiés à la production. « Les noix de Saint-Jacques sont cuites dans du beurre Le Gall et compotées pendant une dizaine de jours dans des pots en grès avant d’être appertisés », explique Jean Collin, directeur général dont le père a racheté l’entreprise Courtin en 2002.
La soupe de poissons du jour est cuite toute la journée avec des légumes avant d’être moulinée et broyée. La gastronomie à l’ancienne, c’est la marque de fabrique de la conserverie. Courtin met parfaitement en scène leur fabrication. L’atelier apparaît derrière de grandes verrières qui donnent sur un grand hall de visite particulièrement accueillant. Au bout d’un couloir, le visiteur est évidemment invité à passer dans les rayons d’un grand magasin proposant les produits de la conserverie.
La conserverie prend grand soin à utiliser les meilleurs ingrédients locaux. Les poissons sont achetés sous les criées du Sud-Bretagne, les crustacés dans des viviers de Loctudy et Audierne. Le beurre provient de la Laiterie Le Gall (Quimper), filiale du groupe Sill. Seule la noix de Saint-Jacques est importée « des eaux froides du Canada », explique Charles Collin, frère de Jean, directeur administratif et financier. Ce qui change dans le nouvel outil Courtin, c’est l’organisation de la production qui a été revue et corrigée avec l’aide de la Caisse d’assurance retraite et de santé au travail de Bretagne pour réduire la pénibilité des tâches.
Un doublement de notre chiffre d’affaires d’ici à cinq ans
Les machines ont également été améliorées pour augmenter leurs capacités. Le nouvel outil peut quadrupler sa production. « Nous tablons d’abord sur le doublement de notre chiffre d’affaires à cinq ans », précise Charles Collin. Car il faut pouvoir écouler cette production supplémentaire. L’entreprise se refusant de travailler avec la grande distribution, elle vend ses produits dans le commerce de détail. 60 % de ses ventes sont réalisées dans six boutiques exploitées en propre et situées dans d’importants lieux de passage touristique du Sud-Finistère. Les conserves et verrines Courtin se trouvent également dans les rayons d’épiceries fines françaises et un peu à l’exportation.
Développement commercial via les Conserveries réunies
Les Conserveries réunies rassemblent autour de Courtin les conserveries Hennequin (L’Île-d’Yeu), la Paimpolaise (Paimpol), la Maison Saint-Lô et Jean-de-Luz (Saint-Jean-de-Luz). Leurs points communs ? Travailler artisanalement des produits de la mer et ne pas vendre à la grande distribution. Sous le pilotage de la Conserverie Courtin, elles ont décidé de développer un réseau de boutiques sur les façades Atlantique et Méditerranée pour écouler leurs produits. Son nom : les Conserveries réunies. La première boutique a ouvert à Guérande en 2016, la seconde à la Barre-de-Monts cette année. Il est prévu l’ouverture de deux ou trois autres boutiques des Conserveries réunies l’an prochain.