La chute du pétrole « plombe » les cours

La tendance s'est inversée le 4 décembre dernier avec la réunion de l'Organisation des pays producteurs de pétrole (Opep). L'Arabie saoudite y a réaffirmé sa stratégie de maintien de sa production au maximum afin de conserver ses parts de marché. Alors que la demande est en berne et que le retour de l'Iran est attendu, cette annonce a eu pour effet immédiat de provoquer une chute impressionnante des cours de l'or noir. Le brent est repassé en dessous de la barre des 40 $ le baril et se trouve mi-décembre à son niveau le plus bas depuis onze ans. Ce retour a priori durable à un prix du pétrole bas touche directement le complexe oléagineux. Le soja pour sa part est aussi sous la pression baissière de conditions météo qui se normalisent doucement en Amérique du Sud et qui devraient permettre de belles récoltes au Brésil et en Argentine. Pour ce pays, « l'effet Macri » (du nom du nouveau président argentin) joue un rôle important sur le marché des céréales bien sûr mais aussi du soja. Si pour le blé et le maïs la promesse a été tenue de supprimer les taxes à l'export, pour le soja le président a validé le 14 décembre une baisse de 35 % à 30 % du prélèvement opéré lors des ventes. Il a également très clairement appelé les producteurs à accroître les superfi-cies mises en œuvre en soja. Si les fondamen-taux du colza sont différents, l'impact de la baisse du soja est important et empêche tout sursaut des cours. Alors que les prix du colza avaient une courbe ascendante depuis le début septembre, portés par une récolte mondiale en retrait, ils repartent depuis la réunion de l'Opep à la baisse. Pourtant, les équilibres res-tent tendus, puisqu'à la hausse annoncée la semaine dernière de la récolte de canola au Canada a correspondu une baisse des perspectives de récolte de colza en Inde.
Baisse des surfaces en colzaÀ plus long terme, la baisse annoncée des superficies mises en œuvre en colza pour la prochaine campagne d'abord en Ukraine (dont on sait que c'est l'un des fournisseurs de l'Europe), puis de l'Angleterre et enfin de la France (avec un recul des surfaces de 1,7 %) ne sera guère en mesure de relancer le marché. Et ce, du fait de stocks de soja dans le monde semblant être appelés à croître et se multiplier. Ils devraient augmenter de 5 millions de tonnes (Mt) à l'issue de cette campagne après avoir déjà gagné 20 Mt en deux ans. Reste toujours à plus long terme les effets annoncés du phénomène El Niño sur les récoltes d'huile de palme, mais pour l'heure, les stocks pour ce produit s'accumulent en Indonésie et en Malaisie et ne poussent guère à l'optimisme. P. V.