La Brasserie du Mont Blanc au sommet par nature

> L'eau, vierge et faiblement minéralisée, est puisée à 2 074 m d'altitude sur la commune des Houches. Un gage de qualité, souvent récompensé, pour Sylvain Chiron.
Rien ne prédestinait Sylvain Chiron à devenir brasseur. Cinquième génération de la famille savoyarde Chiron, industriel spécialisé dans les crozets (petites pâtes carrées savoyardes), il aurait dû naturellement faire sa carrière dans les pâtes. Mais ses études le mènent aux États-Unis en plein essor économique des microbrasseries. De retour en France, il rachète l'activité distillerie de l'abbaye d'Aiguebelle, dans la Drôme. Il relance l'activité des sirops et des liqueurs avant de sortir une bière trappiste. En ” 1999, Sylvain Chiron crée sa propre entreprise en redonnant vie à la Brasserie du Mont Blanc, une société créée en 1821 qui n'avait plus d'activité depuis 1911.
“ Un surcoût de l'ordre de 9 centimes d'euro le litre
Quinze ans plus tard, ses bières sont consacrées. Le prestigieux concours du World beer awards (WBA) a délivré à sa bière blanche sa plus haute distinction avec le titre de « meilleure bière blanche au monde ». Cette récompense vient s'ajouter aux titres déjà remportés par les produits de l'entreprise : meilleure bière blanche de type belge en 2013 (WBA), meilleure bière ambrée en 2011 (WBA), meilleure bière rousse au concours allemand des microbrasseries Global craft beer award et enfin deux médailles d'or au concours international de Lyon pour la blanche et la rousse.
Créée en 1999 par Sylvain Chiron, la Brasserie du Mont Blanc brasse chaque année 25 000 hectolitres de bière, mais sa capacité de production est de plus de 100 000 hectolitres. Après avoir réalisé un investissement de 5 millions d'euros dans son déménagement sur un ancien site du groupe Alpina Savoie de 7 500 m2 et quadruplé sa capacité de production, elle réinjecte cette année 1,5 million d'euros dans des fermenteurs. Opérationnels au printemps prochain, ils devraient permettre de porter la production à 40 000 hectolitres par an. La Brasserie du Mont Blanc enregistre un chiffre d'affaires de 5 millions d'euros, en progression de 60 % par rapport à l'année dernière, avec une équipe de quinze salariés. 15 % du chiffre d'affaires est réalisé à l'export. Ses ventes en France se répartissent entre la grande distribution (65 %), les circuits CHR (20 %) et 15 % autres.
Si Sylvain Chiron ne dévoile pas l'intégralité de ses recettes, il en donne volontiers le principal in-grédient. « Toute la délicatesse de nos bières réside dans l'eau que nous utilisons. » La brasserie n'utilise pas l'eau communale de Chambéry, mais va puiser à 2 074 mètres d'altitude, sur la commune des Houches, une eau vierge et faiblement minéralisée. Le captage s'enfonce dans les entrailles de la montagne pour puiser une eau filtrée par les sables et gravières morainiques.
Loin d'être anecdotique – la bière est composée à 99 % d'eau – la qualité de cette matière première est donc essentielle. « Le surcoût est important puisqu'il est de l'ordre de 9 centimes d'euro par litre d'eau, mais il est aussi le gage d'une qualité irréprochable », explique Sylvain Chiron. Pour verrouiller cet approvisionnement, la brasserie a signé avec la municipalité des Houches une convention de vente exclusive.
Si l'eau se révèle le secret de fabrication de la brasserie, son succès repose aussi sur ses recettes. Elle joue pleinement sur le registre de la gastronomie savoyarde avec une bière au génépi, une bière à la violette et aux airelles ou encore un brassin d'hiver. La Brasserie du Mont Blanc développe une gamme de sept références de bière.