Historique, vraiment ?
« Historique » ou pas, l’accord arraché au G20 agricole par la France a le mérite d’avoir pointé l’agriculture comme secteur stratégique pour l’avenir des plus grandes puissances économiques mondiales. Concrètement, l’accord n’aura débouché sur aucune proposition concernant la régulation des marchés financiers. Les ministres de l’Agriculture s’en sont remis aux ministres des Finances, les encourageant fortement « à prendre les décisions appropriées pour une meilleure régulation et supervision des marchés financiers agricoles ». En revanche, la réunion du G20 la semaine dernière a montré au monde entier que les marchés agricoles sont sous pression, affirmant la nécessité d’augmenter la production mondiale. De quoi renforcer les fonds financiers dans l’idée d’investir dans ces matières premières. Or, malgré les bonnes intentions politiques, la production agricole ne devrait pas croître en un clin d’œil. L’OCDE et la FAO viennent d’estimer qu’au niveau mondial, elle ne devrait progresser que de 1,7 % entre 2011 et 2020, contre 2,6 % entre 2001 et 2010. En attendant une nouvelle révolution verte, le monde de la finance a les yeux rivés sur les causes de la volatilité des matières premières, bien déterminé à en profiter. Conséquence : pour juger les performances des industries agroalimentaires, les analystes financiers ne les interrogent plus sur leur capacité à contraindre leurs charges salariales mais à gérer ce phénomène. Comme cet analyste demandant aux dirigeants de Tipiak jeudi dernier pourquoi ils n’intégraient pas en amont les champs de blé dur. Réponse des intéressés : ce n’est pas notre métier, « on pense que la valeur ajoutée est dans la sophistication des produits ». Une stratégie parmi d’autres…