Fluctuat nec mergitur
Effroi. Colère. Tristesse. Tous ces sentiments paralysent la plume. Comment écrire après ce terrible 13 novembre ? Ça recommence… Et à la différence de janvier dernier, le sursaut collectif en faveur de la liberté d'expression manque pour réchauffer les cœurs. Les drapeaux bleu, blanc, rouge qui s'affichent un peu partout à travers le monde en signe de solidarité ne suffisent pas… Face à tous ces visages, jeunes, qui défilent sur les réseaux sociaux à mesure que les heures s'égrainent et que les recherches de disparus s'achèvent... Boire un verre de vin en terrasse, débattre entre amis, sortir écouter un groupe de rock, déambuler dans les rues de Paris, une sorte de liberté, d'insouciance et de bien-vivre à la française a été touchée en plein cœur. Alors oui, renoncer à tout cela serait céder à la terreur. « Fluctuat nec mergitur », la devise de Paris fleurit comme slogan de résistance. Mais les Français vont-ils réussir à se rassembler sous ce joli symbole et à faire front face à la menace terroriste ? Vont-ils continuer à sortir, aller au restaurant, ou se terrer chez eux ? Les touristes vont-ils fuir la capitale ? L'heure n'est pas encore à analyser les conséquences économiques, mais ce vendredi noir en aura sûrement. Ces dernières semaines, les signaux économiques passaient tous progressivement au vert. Le moral des patrons remontait et la volonté d'investir semblait au plus haut depuis 2007. La menace de Daesh va-t-elle anéantir ce mouvement ? La restauration qui ne s'était pas encore complètement remise des attentats de janvier dernier se retrouve à nouveau en première ligne. Pour le reste, difficile à dire. L'engouement déjà observé pour le « made in France » et le local va-t-il se renforcer dans un sursaut patriotique ? Les projecteurs du monde entier mis sur Paris suite aux attentats, puis sur Cop 21 à partir du 30 novembre (si le calendrier se déroule comme prévu) vont-ils contribuer à renforcer l'image des produits français à l'étranger ? Les semaines qui viennent le diront. Le maître-mot pour nous tous : « résister ». Nathalie Marchand