Fleury Michon partenaire de l'élevage avec « j'aime »

Deux références de jambon et de rôti en deux et quatre tranches composent pour l'instant la gamme « j'aime » de Fleury Michon, dont l'apparition dans les rayons remonte à deux mois. D'autres références suivront lorsque la gamme aura rencontré ses consommateurs soucieux, sans doute, de ne pas s'exposer aux conséquences néfastes de l'antibiorésistance, problème sanitaire majeur qui fait l'objet de recommandations strictes de l'Europe et des pays producteurs. Il sera alors temps d'augmenter progressivement la production de porcs élevés sans antibiotiques – à partir du quarante-deuxième jour, c'est-à-dire à leur entrée en engraissement – et nourris avec un aliment sans OGM et des céréales 100 % françaises.
Dès à présent, le leader français à marque du rayon charcuterie (707 M€ de CA en 2014 avec 3800 salariés) démarre sa communication. Fleury Michon la veut innovante et transparente dans un dialogue permanent avec Avril et son pôle animal, ses partenaires dans l'opération et les éleveurs du groupement de Porc Armor Évolution (vingt-trois engagés dans la démarche). Le partenaire amont de Fleury Michon, Avril, a été choisi il y a trois ans parce qu'il fabrique de l'aliment (Sanders), élève des porcs et abat les animaux dans son abattoir intégré, Abéra.
Prime de 7,50 euros par porc vif« Dans la démarche “ j'aime ”, la relation à l'éleveur est primordiale », souligne le directeur général de la branche charcuterie chez Fleury Michon, Alex Joannis. L'élevage a trop souvent été réduit au rang de simple fournisseur de l'industrie alors que son savoir-faire est déterminant pour le produit. Roland Lefeuvre, l'exploitant agricole chez qui se déroule la communication de Fleury Michon (à Plestan), est très motivé. Il conduit avec son épouse une petite exploitation de 145 truies naisseur-engraisseur (moyenne régionale de 190 truies).
Qualité de l'eau, ventilation, chauffage… Tout est régulièrement inspecté et l'aliment sans OGM est composé exclusivement de céréales françaises entièrement fourni par Sanders. Le couple Le-feuvre est particulièrement vigilant au comportement de ses animaux (3 000 porcs charcutiers produits par an). « Si survient la moindre pathologie, nous traitons l'animal malade et le bouclons à l'oreille pour qu'à l'abattoir, il soit séparé du circuit Fleury Michon et rejoigne le circuit classique », explique l'éleveur.
Les objectifs de Fleury Michon avec sa gamme « j'aime » sont clairs : au moins 20 % de son offre de jambon à terme. Fleury Michon transforme selon les saisons entre 100 000 et 150 000 jambons par semaine, selon Alex Joannis, patron de la branche charcuterie. Il lui faudrait donc à périmètre égal au moins 2 0000 à 30 000 jambons issus du cahier des charges. Pour l'heure, les éleveurs de Porc Armor Évolution lui fournissent 1 000 porcs par semaine et bientôt 2 000 porcs, début 2016. L'industriel est persuadé que la transparence des pratiques associée à la nutrition-santé peut dynamiser les ventes. En témoigne « la progression spectaculaire des ventes » en surimi en 2014, après adoption du dispositif « venez vérifier ».
Il s'est déjà engagé par le passé dans des cahiers des charges : le porc Maggiore (porc lourd), ou encore le label Rouge. Dans le futur, le cahier des charges « j'aime » pourra évoluer sur différents aspects, par exemple la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Fleury Michon accorde une prime aux éleveurs fournisseurs de sa gamme « j'aime » à hauteur de 7 centimes du kilogramme sur l'ensemble de la carcasse, soit 7,50 euros par porc vif. C'est un investissement de l'industriel charcutier qui ne valorise, pour l'heure, que les jambons et la longe. Mais Fleury Michon affiche de solides ambitions dans cette démarche que le directeur général de Fleury Michon, Régis Lebrun qualifie de « nouvelle voie possible pour l'élevage ». Franck Jourdain