Empreinte des viandes : une méthodologie contestée
Les députés socialistes ont organisé le 15 mai une table ronde à l’Assemblée nationale sur l’affichage environnemental. Ce fut l’occasion, pour le groupe de travail « environnement et territoires » d’Interbev, de réaffirmer son désaccord avec la méthodologie retenue par l’Ademe et l’Afnor pour évaluer l’impact des viandes rouges sur les ressources naturelles et l’atmosphère.
Dominique Daul, l’éleveur responsable des dossiers environnementaux de l’interprofession bétail et viandes, ne veut pas d’étiquetage environnemental sur les bases actuelles. « On plombe le système français extensif et herbager », a-t-il voulu faire entendre, incriminant plusieurs biais dans les analyses des cycles de vies (ACV) des productions animales.
Sophie Errante, la députée de Loire-Atlantique qui avait organisé la table ronde, en a conclu qu’une généralisation immédiate serait difficile. Pour autant, elle n’a pas remis en question le processus. « Il est important de ne pas laisser retomber la dynamique lancée en 2011, écrit-elle sur sa page internet. Le travail doit continuer et un calendrier fixant les prochaines étapes est nécessaire ». Au mois de juin, le Parlement recevra le rapport du Comissariat général au développement durable (CGDD). Après validation, l’affichage pourra devenir obligatoire par décret en Conseil d’État.
Le ministère de l’Écologie prévoit un affichage sur un mode volontaire dans un premier temps, puis obligatoire d’ici trois ou cinq ans. Ainsi le CGDD doit élaborer d’ici à l’automne les modalités concrètes avec le futur Conseil national de transition écologique. Le Conseil d’analyse stratégique, qui dépend du Premier ministre, recommande la mise en place progressive de l’étiquetage obligatoire et l’Afnor multiplie l’élaboration des référentiels pour tous produits et services – un chantier titanesque.
D’éventuelles auditions parlementaires
Devant ce « rouleau compresseur administratif », les présidents des fédérations des viandes de boucherie, volailles, charcuteries, des syndicats de labels et de l’interprofession des œufs ont écrit à quelques personnalités, dont Delphine Batho, ministre de l’Écologie, Jean-Paul Albertini, commissaire général au Développement durable et Jean-Paul Chanteguet, président de la commission développement durable à l’Assemblée nationale. Ils leur ont rappelé les objectifs, non remplis à leur sens, de sincérité, d’objectivité et d’exhaustivité de l’information environnementale. Ils espèrent qu’une mission d’information parlementaire sera constituée, afin d’infléchir les ambitions du gouvernement.