Viande
Éduquer le consommateur à l’agneau bio
Le marché de l’agneau bio est encore balbutiant et surtout orienté vers les circuits courts. La saisonnalité de la production s’avère problématique pour changer d’échelle.
Le marché de l’agneau bio est encore balbutiant et surtout orienté vers les circuits courts. La saisonnalité de la production s’avère problématique pour changer d’échelle.
Selon l’Agence bio, 6 % des brebis allaitantes françaises étaient certifiées bio en 2018. « Nous avons rattrapé notre retard par rapport aux autres productions animales », constate Vincent Bellet, chef de projet animation des réseaux ovins viande pour l’Institut de l’élevage. Néanmoins, ces chiffres ne donnent qu’une information partielle sur la production d’agneaux puisqu’une partie des animaux nés de ces brebis certifiées est déclassée. Certains éleveurs sont passés au bio pour bénéficier des primes de conversion et de maintien, mais peinent à commercialiser une production très saisonnière.
Production saisonnière peu adaptée à la consommation
Naturellement, les agneaux des systèmes de production herbagers naissent au printemps et sortent entre juin et novembre, ce qui n’est pas une période clé de consommation, sauf pour les côtelettes. Or, désaisonnaliser les brebis est plus difficile dans les systèmes bios où le recours aux hormones n’est pas autorisé. Seuls leviers : l’effet bélier et le recours aux races rustiques qui restent limités. « On peut aussi envisager de garder les agneaux jusqu’à Pâques, mais il faudrait les castrer, ce qui est remis en cause dans le nouveau cahier des charges de l’agriculture biologique », explique Vincent Bellet. D’où une mutation de la stratégie de la filière. « Il y a quelques années, les opérateurs cherchaient à produire à l’année, à régulariser l’offre. Maintenant, on réfléchit davantage à travailler sur l’agneau de saison et à éduquer le consommateur », estime Vincent Bellet.
Quelle plus-value par rapport au conventionnel ?
Pour la filière ovins viande bio, les circuits courts ont une grande importance. « Près de 20 % des volumes sont commercialisés ainsi et 40 % des éleveurs vendent directement tout ou partie de leur production », détaille Vincent Bellet. Le développement de la production ovine bio est compliqué par des considérations économiques. Selon une étude du Casdar Agneaux bio et du réseau Inosys, en 2013, la rémunération des éleveurs permise par la production bio était inférieure à celle du conventionnel. « Ces chiffres sont les seuls disponibles, mais ils datent. Depuis, la situation a évolué, mais nous aimerions étendre notre réseau de fermes de référence pour mieux quantifier », explique Vincent Bellet.
Pour les opérateurs, la question de la plus-value est sensible. Le prix du conventionnel est déjà élevé depuis quelques années. Ajouter une plus-value et augmenter encore le prix, pourrait décourager une consommation déjà peu dynamique. Mais une plus-value trop faible n’incite pas au développement de la production. Dans l’ensemble, la plus-value du bio ne dépasserait pas encore celle du label Rouge, « mais les opérateurs ont récemment fait des efforts », temporise Vincent Bellet.
À noter, les agneaux issus des brebis laitières bios du rayon Roquefort ou des Pyrénées ne sont pas commercialisés en bio, car « le schéma de production actuel, sevrage rapide et passage en atelier d’engraissement » n’est pas compatible avec le bio.
Voir aussi,
Viande bio : Se développer sans déstabiliser le marché
et sur le site de l'Institut de l'élevage, Flash sur le bio en viande ovine : un décollage en douceur !