[Édito] La difficile transparence
L’application Yuka vient d’essuyer coup sur coup trois condamnations par les tribunaux d’Aix-en-Provence, de Paris et, plus récemment, par le tribunal de commerce de Brive pour des « pratiques commerciales déloyales et trompeuses » et « dénigrement dans la diffusion d’informations ». Le tribunal de commerce de Brive a de plus demandé à Yuka de supprimer, sous astreinte financière, l’appréciation « risque élevé » attribuée aux additifs E250 (nitrite de sodium) et E252 (nitrite de potassium) entrant dans la fabrication des produits du Mont de la Coste, commercialisés sous la marque L’Auvernou. En revanche, Yuka pourra continuer à classer en « rouge » et à qualifier de « mauvais » les saucissons de cette marque, allant dans le même sens que la décision du tribunal d’Aix-en-Provence dans son jugement en faveur du fabricant ABC Industrie. L’application enchaîne ainsi les condamnations à verser des dommages et intérêts au titre du préjudice moral dans le combat judiciaire qu’elle et les charcutiers se livrent. Au total, Yuka est condamné à verser 95 000 euros et a décidé de faire appel. Des montants qui mettent en difficulté l’application au modèle économique fragile. Elle a d’ailleurs décidé de lancer une cagnotte de soutien pour faire face à ces frais importants. Pourtant, en l’espace de quatre ans, Yuka a passé la barre des 12 millions d’utilisateurs en France. Elle a entraîné un mouvement de fond dans la reformulation des recettes. Des marques comme Marie, Danone, Fleury Michon, Cap Océan regardent de près leur notation sur l’application et s’en servent de moteur pour l’innovation. Si l’agroalimentaire français reste un fleuron en matière de qualité des produits, il n’en est pas moins utile parfois de revoir ses pratiques, et la transparence poussée par Yuka va dans ce sens. Les consommateurs sont en demande !