[Édito] La démondialisation est une voie périlleuse
Après des années de libéralisation des échanges mondiaux, on parle plus que jamais de démondialisation, perceptible déjà en 2008-2009 et accentuée par la crise sanitaire et le conflit russo-ukrainien. Avec les conséquences planétaires de cette guerre et les restrictions à l’exportation que certains pays mettent en place, la tentation du protectionnisme est grande. Se joue derrière ce phénomène la capacité des États à assurer leur propre souveraineté alimentaire. Évidemment, elle est essentielle. Pouvoir relocaliser des productions oubliées, faire revenir des usines sur les territoires revêt un caractère primordial. Pourtant, il faut bien l’avouer, il s’agit là de mouvements marginaux. Emprunter la voie de la démondialisation est probablement la pire chose à faire pour l’ensemble de la planète. Pour tous les pays développés, qui n’ont pas la capacité en l’état de l’assumer, et pour les pays les plus pauvres, dont les populations sont à ce jour au bord de la famine. « La flambée des prix et la faim menacent la stabilité de dizaines de pays », alertait le 7 juin la FAO. Et si on revoyait plutôt la manière d’appréhender la mondialisation ? La remondialisation va émerger.