Des signes d'une pêche et d'une aquaculture plus vertueuses
Pêcheurs, transformateurs, distributeurs, la filière pêche et aquaculture dans son ensemble cherche de plus en plus à valoriser ses efforts pour préserver une ressource durable. La pression des ONG environnementalistes et des politiques, les attentes du consommateur, mais aussi le désir de mieux valoriser sa production expliquent ce phénomène montant.
La pêche fournit des emplois mais peut aussi exploiter des hommes, épuiser ses ressources et porter atteinte à la biodiversité. L'automne dernier l'association Bloom et d'autres ONG (associations non gouvernementales) environnementales s'en sont pris à la Scapêche (armement des Mousquetaires, principal exploitant français des grands fonds marins) avant de trouver un accord de coopération.
L'aquaculture peut aussi porter préjudice à la faune sauvage et rebuter les consommateurs. Ainsi une émission de télé a causé la mévente des poissons fumés à Noël. Intermarché et la Scapêche se prévalent d'une « pêche responsable » depuis 2006 sous le sceau du Bureau Veritas. Ils appliquent ainsi le code de conduite de la Fao de gestion sociale et des ressources (lieu noir, lotte, sabre noir, lingue bleue, légine, merlu, tourteau). Mais cette démarche peine à convaincre les environnementalistes.
Labellisation et certificationLe label international MSC (Marine Stewardship Council) inspiré par WWF et initié par la Norvège est la valeur montante. Euronor à Boulogne-sur-Mer et la Compagnie des pêches Saint-Malo ont été certifiés en 2010 pour leurs captures de lieu noir en mer du Nord ; puis en 2012 via leur organisation de producteurs commune FROM Nord pour le cabillaud et d'églefin de l'Arctique Nord-Est, dont elle exploite le quota français. Auchan se fournit en cabillaud surgelé MSC auprès de la Compagnie des pêches de Saint-Malo. Findus impose cette référence à ses pêcheries partenaires. Le groupe Iglo annonçait en septembre 80 % de bâtonnets surgelés MSC (contre 52 % à l'heure actuelle) grâce à la certification de l'Alliance russe des pêcheurs responsables de colin (lieu noir) dont il est le principal acteur en mer d'Okhotsk. Carrefour promet 50 références sous ce label d'ici à fin 2014 (contre 22 aujourd'hui, essentiellement en colin et cabillaud). La légine australe, pêchée au hameçon par les palangriers de la Réunion (dont la Comata-Scapêche), est labelli-sée MSC depuis cette année. En restauration cette démarche a cours chez Compass, s'affichant dans 30 restaurants d'entreprise Eurest, et chez Davigel. En élevage piscicole, la certification ASC (Aquaculture Steward ship Council), plus récente, intéresse surtout les opérateurs de la restauration : Ikea pour le saumon à l'horizon 2015, Davigel qui la privilégie en plus des certifications Global Gap et Best Aquaculture Practices. Mais la consommation grand public cherche d'autres signes de réassurance en poissons d'élevage fumés : l'origine France (au moins pour la transformation), les marques nationales, le bio, le label Rouge, la filière Qualité Carrefour garantie « sans OGM »… Le rayon propose aussi de la truite fumée Ovive du groupe coopératif Aqualande, estampillée « Agriconfiance = Bon pour l'environnement », « France = Bon pour l'emploi », et qui affiche son bilan carbone...
Les recommandations saisonnières de Mr Goodfish (Réseau Océan Mondial relayé par Nausicaa) sont par ailleurs diffusées dans tous les entrepôts Metro au profit des métiers de bouche.
“ La pêche durable ne convainc pas tout le monde
” Enfin le label Artysanal® , vérifié par Eurofins, s'est affiché début avril sur le cabillaud d'Islande consommé chez Elior. Le groupe de restauration collective est membre permanent de l'association pour la pêche à petite échelle responsable, Responsible Fishing Alliance. L'an dernier celle-ci s'est rebaptisée Association Smart (Small scale artisanal) et a lancé ce label. Carrefour est un autre partenaire de cette alliance, ayant travaillé avec elle sur le flétan du Groenland. « Nul ne peut garantir la durabilité d'un système (une pêcherie) dont l'activité est basée sur une action de cueillette, argumente Bruno Corréard, chef du projet en France pour Smart, qui défent plutôt une pêche responsable. La ressource sauvage fait l'objet de nombreux paramètres incontrôlables : accidents climatiques, interactions entre espèces dont les mécanismes sont mal connus ». Des négociations avec d'autres distributeurs (grossistes, cash & carry, restauration indépendante, hôtellerie...) pourraient voir fleurir Artysanal® sur différents continents.