Des idées pour libérer les énergies des IAA
S’ils sont prévoyants et créatifs, les industriels peuvent reprendre leurs droits dans le monde de la consommation. Plusieurs intervenants du 6e colloque AgroFinance, organisé récemment au Sénat par l’Association d’ingénieurs AgroFood et par Agia alimentation, ont suggéré cette façon de penser devant 200 professionnels. « Plus on a de perspectives à long terme, plus on a de chances », a professé Jean-Yves Fouché, président de Bio Fournil. Il s’est demandé ce que les consommateurs attendaient vraiment des produits biologiques avant de se lancer dans ce créneau. Pour Gérard Boivin, p-dg du Groupe Bel, les championnes de la vision à long terme sont les sociétés familiales, qui sont justement « celles qui ont les meilleurs résultats en général sur le moyen terme».
Voir loin, cela suppose d’avoir des soutiens durables. Alain Glon, p-dg de Glon-Sanders, s’est fait le défenseur du partenariat « dans la durée » entre plusieurs entreprises, pourvu que la direction de l’ensemble raisonne à l’horizon de 20 ans. Pierre-Hervé Gautier, p-dg de Nutrial SA (Banania, Benco, Yabon), a remarqué que « de plus en plus de fonds financiers » ont une vision à long terme. Janick Belin, p-dg de Conserve France (groupe Conserve Italia), a donné un exemple de stabilité dans la durée sur la base de capitaux coopératifs agricoles. Mais voir loin n’empêche pas de trébucher sur crises alimentaires. Gilles Martin, président d’Eurofins Scientific, a proposé aux industriels de « se mettre à l’abri de l’arbitraire » en s’adossant aux spécialistes de l’analyse biologique les plus avisés. Etre créatif, c’est, par exemple, comme l’a exposé le professeur Jacques Nefussi, penser en termes de services, à l’instar de la filière pommes de terre.
Mais Victor Scherrer, président de l’Ania, a rappelé à quel point la grande distribution mène le jeu. « Pour référencer un produit, il en coûterait au fabricant quatre fois plus que pour l’inventer et le promouvoir», s’est-il indigné devant la structure du prix d’un produit présentée par le cabinet Solving. Jean Quentin, p-dg de Smithfield Europe, a suggéré de ramener le délai de paiement de 30 jours à 15 jours. Concluant le colloque, Gérard Larcher, président au Sénat de la Commission des Affaires économiques, a signalé que son assemblée réfléchissait à des dispositions en faveur des PME.