Bilan
Dans le vert, Terrena réfléchit à l'avenir de sa filière volaille
Malgré une année 2020 difficile, tant sur la récolte qu’avec la fermeture des restaurants, le contexte dans son ensemble a moins pesé sur les résultats de Terrena que prévu : le groupe parvient même, pour la première fois depuis cinq ans, à un résultat net positif.
Arrivé en septembre 2019 à la direction de Terrena, Alain Le Floch s’avoue satisfait par l'année passée, malgré la récolte 2020 difficile (-30 % de collecte pour les cultures d’hiver) et la crise sanitaire. Il pointe notamment le respect du budget. La mise en œuvre des plans de transformation se traduit même par la progression du résultat net, tant pour la coopérative (4,3 M€, à +0,6 M€) que pour le groupe (2,1 M€, avec +12,7 M€). C’est d’ailleurs la première fois depuis cinq ans que le résultat net du groupe agroalimentaire coopératif repasse dans le positif avec, dans le même temps, une nouvelle progression de son Ebitda à 113 millions d'euros (+8 M€), même si le chiffre d'affaires recule légèrement (4,76 Md€). Elivia, la filiale viandes bovine et ovine, sort notamment de plusieurs années difficiles, en avance sur les prévisions, avec un Ebitda de 28,7M€ (+19,3M€ en deux ans) comme Holvia Porc (Ebitda de 3,3M€ avec +3 M€).
Galliance a, en revanche, été plus frappé par les crises sanitaires avec l’influenza aviaire et la fermeture des restaurants. Le groupe ne souhaite pas divulguer les chiffres, mais annonce envisager le même type de restructuration que celle qui a fonctionné pour Elivia. Le changement de gouvernance à l’abattoir de Nueil-les-Aubiers (Deux-Sèvres) ; la construction du nouvel outil d’abattage-découpe d’Ancenis (Loire-Atlantique) dédié à la volaille élevée en plein air (opérationnel fin 2022 après un investissement de 43 M€ sur trois ans) et l’accentuation des ventes de produits différenciés (bio et La Nouvelle Agriculture) sont autant de leviers déjà actionnés pour le spécialiste de la volaille afin de reconquérir des parts de marché.
Fortes ambitions pour le bio et La Nouvelle Agriculture
De façon globale, toutes productions confondues, le bio (+10 %) et La Nouvelle Agriculture (+17 %) marchent fort et représentent 21 % du chiffre d'affaires agroalimentaire de Terrena. Avec de fortes ambitions pour les années à venir, dont la multiplication par trois des ventes de La Nouvelle Agriculture et par deux de celles du bio. « Le conventionnel représente toutefois toujours 80 % de notre chiffre d'affaires, et nous voulons aussi progresser, notamment avec des contractualisations », souligne le président de Terrena, Olivier Chaillou. C’est le cas d’Elivia qui a lancé un nouveau contrat avec U Enseigne. L’objectif est de parvenir à deux tiers des ventes en contractualisation d’ici à dix ans.
Le conventionnel représente 80% de notre chiffre d'affaires
Les résultats 2020 permettent à la coopérative d’assurer ses investissements avec un programme d’environ 85 millions d'euros par an. En 2020, elle a poursuivi la modernisation de ses outils de collecte de céréales (8,8 M€), mais devrait continuer à en fermer dans le cadre de son nouveau schéma logistique et de la montée du stockage à la ferme. Un montant de 1,7 M€ a été consacré à la conversion du silo de Lusignan (Vienne) au bio (42 000 tonnes).
Terrena teste également un nouveau modèle de magasins agricoles (8,6 M€ sur trois ans) avec quatre sites pilotes et une dizaine d’autres à venir. L'entreprise devrait y inclure un rayon « alimentation locale » pour valoriser les produits de ses adhérents ou d’autres producteurs locaux.
Pour une agriculture à effets positifs
À l’occasion de l’assemblée générale du 15 juin, à Angers, Olivier Chaillou et Alain Le Floch ont dévoilé Terrena 2030. Ce projet coopératif a été approuvé à l’unanimité par les adhérents. Faisant suite au projet «agriculture écologiquement intensive» lancé en 2008, ce nouveau projet s’impose une obligation de résultat avec la mise en place d’objectifs chiffrés et d’outils de mesure.
Vers l'arrêt de la castration des porcs
Ainsi, pour les dix prochaines années, la coopérative souhaite réduire de 50 % ses importations de soja en accroissant la production de protéines locales. Elle veut aussi diminuer de 50 % les usages de produits phytosanitaires, installer 130 nouveaux agriculteurs en bio chaque année, ce qui représente une progression de 35 000 hectares, atteindre la neutralité carbone en 2035…
Du côté du bien-être animal, elle veut atteindre le niveau 2 de la certification BBFAW (actuellement au niveau 4) en arrêtant par exemple la castration des porcs ou bien encore l’élevage en cage des poules avant 2025, puis celui des lapins, etc. L’un de ses axes majeurs est de s’appuyer sur les liens entre productions animales et productions végétales, tant au sein des exploitations qui le peuvent qu’entre territoires.
Organisée autour de quatre grands axes (adhérents, filières d’excellence, lien cultures-élevages, performance économique et organisationnelle), la feuille de route se décline en trente objectifs. Y contribueront des éléments comme l’accentuation du numérique et la formation des technico-commerciaux en contact avec les agriculteurs. L’ambition de Terrena est d’emmener les résultats technico-économiques de ces derniers dans le quart supérieur des exploitations de leur territoire.
Des productions animales diversifiées
Le groupe Terrena est très diversifié. Il est implanté en semences avec Cérience, créé cette année, en services (La Noëlle Environnement), en négoces (Synoa) ou encore en nutrition animale (Bellanné, Samab, Ekoranda, Noréa, Nutréa et Oléosyn Bio créé l’an dernier avec Avril). Le groupe possède des filiales en meunerie (Terrena Meunerie), ingrédients végétaux (Inveja), vins (Orchidées), maraîchage (Val Nantais) et arboriculture (Dalival). Du côté des productions animales, ses principales filiales et participations couvrent toutes les espèces : volailles (Galliance, dont la marque Père Dodu), œufs (Igreca), bœufs et ovins (Elivia), porcs (Holvia Porc) et lapins (ALPM). Sans oublier ses partenariats avec d’autres coopératives du Grand Ouest comme Laïta en lait.