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Croissance de l'élevage bio à géographie variable


> Philippe Cabarat, président de la commission bio d'Interbev.
Le secteur de la viande bio est en pleine croissance, avec un fort potentiel à venir. Pour maintenir une dynamique harmonieuse, les acteurs de la filière ont néanmoins évoqué au Sommet de l'élevage la nécessité de se structurer et critiquent la variabilité des aides régionales.

Dans la viande bio, tous les voyants sont au vert. « Ce marché en croissance bénéficie de dynamiques bien spécifiques », a expliqué Fabien Champion, du service économie de l'Institut de l'élevage, lors d'une conférence organisée par la commission bio d'Interbev le mercredi 7 octobre au Sommet de l'élevage. D'abord, le cheptel de vaches bios ne cesse d'augmenter : +6 % en moyenne entre 2013 et 2014, en allaitant comme en lait. Une croissance alimentée par un rythme des conversions qui ne s'essouffle pas : au 1er septembre 2015, 405 nouveaux producteurs de bovins viande bio ont été enregistrés, contre 125 en 2014 et 129 laitiers contre 48 en 2014.

+7 % à l'horizon 2024

Autre chiffre, la production de viande biologique a été globalement multipliée par 2,7 en dix ans, soutenue par des cours plus stables qu'en conventionnel – malgré la hausse des disponibilités – et par des circuits de commercialisation complémentaires capables de valoriser tous les produits (GMS, magasins spécialisés, vente directe…). Une tendance qui devrait se poursuivre : « à l'horizon 2024, les opérateurs bios prévoient une croissance de 7 % par an de leurs approvisionnements », a illustré Fabien Champion. « On est sur un marché porteur, l'objectif est qu'il soit porteur demain. Avec l'évolution importante des volumes à commercialiser, il va falloir se structurer. On a besoin de politiques qui accompagnent un développement harmonieux du bio dans toutes les régions », a déclaré Philippe Cabarat, président de la commission bio d'Interbev. Pas évident avec la réforme de la Pac et la régionalisation des aides. « Le point positif, c'est que globalement, chaque région a obtenu davantage de moyens. Le bio n'a jamais été aussi soutenu ! En revanche, les marges de manœuvre varient selon les régions », a estimé André Lefebvre, conseiller régional en Bourgogne et représentant de l'Association des régions de France. « On ne peut pas traiter tous les territoires de la même façon. Nous avons choisi de limiter l'aide au maintien, de majorer la DJA (dotation jeune agriculteur, ndlr) en bio et de créer une aide pour les élevages allaitants et pour la zone de montagne », a témoigné Marie-José Chassin, vice-présidente de la Région Auvergne.

Risque de distorsions

Un manque de lisibilité que déplore la Fédération nationale de l'agriculture biologique (Fnab). « Quelle que soit la région, les aménités positives sont les mêmes ! Il faut une aide au maintien pour tous : une aide à la reconnaissance des services environnementaux et sociaux », a martelé Stéphanie Pageot, présidente de la Fnab. « Le bio aura plus de chance de se développer là où il y aura une aide au maintien. Sans solution collective, on va créer des distorsions de concurrence et fragiliser certaines filières », a ajouté Hervé Longy, président des Éleveurs bios de France (EBF). Enfin, en restauration collective, le seul marché à perdre un peu en dynamique, les acteurs du bio ont invité les pouvoirs publics à relancer leurs efforts et à ne pas confondre le bio et le local, « signe de proximité mais pas forcément synonyme de qualité ».

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