« Créer du lien » entre le monde de la production et de la restauration

> Le président du CLAA, Jacques Déronzier, explique aux Marchés Hebdo les missions qui lui ont été confiées.
Les Marchés Hebdo : Vous avez été nommé le 14 octobre dernier à la tête du Comité de liaison agroalimentaire (CLAA), « nouvelle formule » de la CGI. Qu'implique-t-elle ?
Jacques Déronzier : Le CLAA regroupe dix-huit fédérations sectorielles, représentant 180 000 emplois et 172 milliards d'euros de chiffre d'affaires. Nous voulons faire du CLAA un outil de promotion et d'influence du commerce de gros alimentaire. La crise agricole de cet été a été un révélateur du besoin d'un CLAA acteur de la filière agroalimentaire. De nombreux agriculteurs ont investi nos dépôts. Un CLAA efficace aurait évité quelques dérapages. Nous voulons créer du lien entre le monde de la production et de la restauration (commerciale et collective). Le CLAA doit se doter d'une ambition très claire, une stratégie déclinée en actions à court et moyen termes.
LMH : Votre volonté est notamment de développer les contacts avec votre amont (FNSEA, Coop de France, Ania…). Qu'allez-vous entreprendre concrètement ? J. D. : Nous voulons nouer des liens autant avec notre amont qu'avec notre aval. Le commerce de gros alimentaire a peu de visibilité car il ne touche pas le consommateur final en direct. Nous sommes donc peu consultés sur certains sujets, comme cela a été le cas sur l'écotaxe. Les pouvoirs publics ont beaucoup consulté les transporteurs, mais la logistique est une fonction essentielle du commerce de gros. Lors de la crise agricole, il a été plus question de la grande distribution que du commerce de gros. Les difficultés se sont réglées sans nous, cela pose problème. Des rendez-vous sont pro-avec Coop de France pour réfléchir à des actions communes, pour évoquer la RHF et les rôles des grossistes auprès des coopératives. Certaines sont très impliquées vers la restauration.
LMH : Vous parlez beaucoup de la crise agricole. Quelles auraient été les recommandations du CLAA ?
J. D. : Nous voulons travailler au sein de filières alimentaires pour valoriser notre terroir. En 2016, un état des lieux des contrats existants, avec les producteurs, doit être réalisé. Mais notre préoccupation est aussi sur l'indexation des prix dans les marchés publics des denrées alimentaires. En mars dernier, une fiche de la direction des Affaires juridiques de Bercy a été ” publiée pour mettre en avant des recommandations en ce qui concerne les formes de prix adaptées aux achats publics de denrées alimentaires et les indicateurs de prix. Nous avons rencontré le ministre Stéphane Le Foll pour qu'il appuie notre demande auprès des acheteurs. Des indicateurs existent (publiés par le RNM et le quotidien Les Marchés, ndlr) mais ils ne sont pas suivis. Le plus souvent les marchés publics sont à prix fixes. Et quand ils sont en prix révisables, les indices retenus (le plus souvent les indices à la consommation de l'Insee) ne sont pas adaptés. Ces recommandations doivent être appliquées.
“Les indices retenus dans les marchés publics ne sont pas adaptés