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Compte de pénibilité : top départ, Danival en avance

Concidérée comme un tracas pour une majorité d'entreprises de l'agroalimentaire, la mise en place du compte de pénibilité ne semble pas si lourde chez Danival. Témoignage.

En ce début d'année, les directions des ressources humaines doivent, en plus de leurs déclarations sociales, fournir à l'administration les statuts d'exposition en 2015 aux quatre facteurs désormais réglementaires de pénibilité que sont le travail de nuit, le travail en équipes successives alternantes, le travail répétitif et le milieu hyperbare. La tâche est d'autant plus ardue dans l'agroalimentaire que la plupart des branches sectorielles (branches suivant une convention collective) n'envisagent pas de référentiel collectif. « L'Ania ne souhaite pas aboutir à un catalogue des seuils de pénibilité », formule Nicolas Penanhoat, l'animateur du groupe de travail de l'Association nationale des industries agroalimentaires, qui est le responsable des affaires juridiques et sociales et des formations de l'Adepale (association des produits élaborés).

« Pas sûrs d'être dans les clous »

Des référentiels de travail répétitif pourraient aider les IAA. « Mais le travail répétitif varie tellement d'un secteur à l'autre!», s'exclame l'animateur. Il donne pour exemple le secteur des produits élaborés où une réflexion est en cours, montrant déjà beaucoup de variations d'un produit à l'autre. Les dirigeants d'usine doivent donc se référer aux « cadences contraintes » imposées par les lignes de production et extrapoler ces mesures à une année entière afin de compter les postes à plus de 900 heures d'exposition annuelle. La possibilité de rectifier la déclaration initiale relative à l'exposition (dans un délai de trois ans si c'est en faveur du salarié) en soulagera plus d'un. Le groupe de travail de l'Ania attend aussi qu'une circulaire de la mi-nistre du Travail vienne lever toute ambigüité quant à la polyvalence. Si un opérateur change périodiquement de poste répétitif, au cours d'une journée ou selon les saisons, il sollicite des parties différentes de son corps et risque moins de troubles mus-culo-squelettiques (TMS).

L'approche du compte de pénibilité dans les IAA est à ce point délicate qu'il est difficile d'obtenir des témoignages sur les problèmes qu'il pose. « Les responsables ne sont pas sûrs d'être dans les clous », excuse d'avance le responsable social de l'Adepale.

Un pari fait dès 2012 chez le fabricant de plats cuisinés

Si Danival, PME du Lot-et-Garonne produisant des soupes, sauces et plats cuisinés biologiques, veut bien se mettre en avant, c'est que sa DRH, Hélène Macheboeuf, et la responsable QSE (qualité sécurité environnement), Elsa Jagu, tirent une certaine fierté de leurs opérations. Dès 2012, des fiches individuelles de pénibilité ont été établies chez Danival. Tous les critères étaient évalués : travail de nuit, en équipes alternantes, répétitif, charges lourdes et bruit (avant la prise en compte des protections auditives). Ceci au regard du Code du travail, car les seuils n'étaient pas encore définis. Ces fiches venaient en complément du document unique. « Nous avons fait le pari de prendre de l'avance », déclare Elsa Jagu. La responsable QSE se félicite de disposer de « beaucoup d'éléments de travail », en particulier d'analyse de risques des postes. Elle s'avoue toutefois un peu désarçonnée par les changements de seuil. « La charge de travail des RH reste à la fin importante. Nous n'avons pas qu'une centaine de dossiers, qui est notre effectif, mais 120 du fait des entrées et sorties. Nous devons aussi renseigner les sociétés d'intérim. Il y a eu 80 intérimaires en 2015, avec des temps d'exposition forcément différents », témoigne Hélène Macheboeuf. « Oui, c'est complexe et pénible, mais ce que nous avons fait, nous permet de suivre ce qui se passe dans l'entreprise. Nous sommes toujours à même d'assurer la sécurité et sommes à l'écoute des salariés », se félicite-t-elle.

Plusieurs plans d'action ont été entrepris pour améliorer les conditions de travail des salariés de Danival : un accompagnement par la Carsat en diagnostic et organisation, « pour impliquer tout nouvel arrivant dans la sécurité », précise Elsa Jagu ; une formation à la prévention pour les membres du CHSCT et la responsable QSE « pour analyser les postes » ; un accompagnement sur les TMS « avec un ergonome du travail pour l'étude des risques ». Et dans quelques mois sera embauchée une technicienne en méthode pour « optimiser le rangement et les circuits de déplacement dans les usines ». Les deux responsables ne manquent pas d'arguments pour obtenir chaque année des investissements facilitant le travail : meilleure productivité grâce à un robot de « décageage » des bocaux vides acquis en 2015 ; idem pour mettre en bout de ligne en 2016 des systèmes d'aide afin de placer les bocaux dans les paniers de stérilisation sur la ligne d'étiquetage. Moins de stress est attendu en 2016 grâce à une nouvelle « raffineuse » (machine à dénoyauter).

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