Comment Sofiprotéol et LDC veulent redresser la volaille
Ça bouge dans l'univers de la volaille. Le rapprochement des pôles volailles de Sofiprotéol et LDC, avec la perspective de regagner des points sur la volaille importée en France, fait naître une dynamique en Bretagne. Puis dans un second temps à l'international. L'avenir de la volaille française passe aussi par une dynamisation de l'élevage, a-t-il été rappelé au congrès du CFA.
Ce sera le premier mouvement de grande ampleur dans l'industrie de la volaille depuis le démantèlement de Doux frais : Sofiprotéol, actionnaire du groupe Glon et propriétaire de cinq sites d'abattage et de transformation en Bretagne, prévoit de céder ceux-ci au groupe LDC. Ces cinq sites où travaillent un millier de personnes et qui réalisent 310 millions d'euros de chiffre d'affaires seront associés aux six sites bretons du plus important volailler français (1,7 milliard d'euros de chiffre d'affaires en France) pour constituer une seule entreprise : la Société bretonne de volaille.
Sanders, société de Sofiprotéol dont le cœur de métier est la nutrition animale, fournira LDC en volailles vivantes et aura une participation minoritaire dans le capital de la Société bretonne de volaille. La branche volaille de Glon comprend, d'une part, deux usines d'abattage et de découpe parmi les plus performantes de France, Boscher Volailles dans les Côtes-d'Armor et Volailles de Keranna dans le Morbihan. Elle comprend, d'autre part, une branche de produits élaborés (enrobés, viandes crues ou cuites et solutions culinaires), constituée des usines RVE (Rohan Viandes Élaboration), Robichon et Farmor. Cette branche, comptant 430 collaborateurs, a réalisé en 2013 un chiffre d'affaires de 96 millions d'euros. Glon réalise le quart des ventes à l'export, tant en découpes crues qu'en produits élaborés. « L'export est notre moteur de croissance. C'est culturel chez nous, c'est notre fonds de commerce », commente Paul Lopez, directeur du pôle volailles de Glon. Cette branche, longtemps spécialisée dans le marché de la transformation, la restauration collective et le hard-discount, a amorcé l'an dernier son entrée en GMS avec de la dinde et du poulet en barquettes.
Parts du chiffre d'affaires à l'export (volaille) :
LDC : 11 %
Sofiprotéol : 25 %
Duc : 8 %
La branche bretonne de LDC est surtout constituée du pôle Provialys. Cette activité concentrée dans le Morbihan, comprend Procanar, spécialiste du canard, Celvia, spécialiste du poulet et de la dinde et de Celtys, usine de produits élaborés variés (le nom Provialys se compose de ces trois raisons sociales). L'ex-abattoir Doux frais de Sérent est devenu le deuxième site de Celvia (il ne travaille plus
“ L'export est notre moteur de croissance
” la dinde mais le poulet). Le site Internet de Procanar indique 1128 salariés. Cette branche bretonne compte aussi l'outil d'abattage et de découpe (de poulet essentiellement) de LDC Bretagne, dans les Côtes-d'Armor, employant 150 personnes. Une synergie va pouvoir jouer à travers l'ensemble de ces sites bretons au sein de la>> Société bretonne de volaille (SBV). Ceux-ci seront les principaux bénéficiaires des 100 millions d'investissement prévus par LDC d'ici cinq ans.
Le projet d'alliance vise aussi « une nouvelle dynamique pour la filière en re ion Centre ». LDC va acquérir le site de Blancafort (125 salariés), dans le Cher, que Glon avait récupéré de Doux Frais. Auparavant Sofiprotéol s'était retiré d'un projet commun avec Duc, autour de l'ex-abattoir Doux de Boynes (82 salariés) dans le Loiret. Le groupe lui a reproché ses pertes « très importantes » et un besoin de remise à niveau trop onéreux. Il a fermé l'hiver dernier.
“ Récupérer les surfaces d'élevage de Tilly-Sabco
” Alors que Sofiprotéol et LDC nourrissaient cette ambition dans le Centre, Duc a conduit au cours du premier semestre « de nombreuses opérations juridiques et financières », a informé en septembre l'industriel bourguignon. L'une de ces opérations est le renforcement de ses fonds propres devant soutenir un plan d'investissement sur trois ans. L'industriel devait donner davantage d'information en publiant ses comptes semestriels à fin octobre. À l'heure où nous écrivons le 4 novembre, ce n'est toujours pas le cas.
Le syndicalisme agricole appelait de ses vœux une initiative telle que l'alliance entre LDC et Sofiprotéol, affirme Isabelle Le Bal-leur, déléguée générale de la CFA (Confédération française de l'aviculture). Les partenaires ont en effet annoncé au congrès de la CFA, fin octobre, qu'ils avaient l'ambition de reconquérir la part de marché intérieur captée par les concurrents européens. « Si l'on regagne 15 % des 40 % perdus au fil des ans, on devrait récupérer les surfaces d'élevage de Tilly-Sabco », commente-t-elle. À ce congrès s'exprimaient Xavier Beulin, président de Sofiprotéol (et de la FNSEA) et Denis Lambert, président-directeur général de LDC. « Nous avons entendu que cette alliance vise un gain de compétitivité de la filière passant par la spécialisation par métiers », prévient-elle toutefois. La porte-parole du syndicat veut bien croire que l'absorption des sites de viande de Sofiprotéol par LDC tournera mieux, à ses yeux, que celle de Socopa par Bigard dans la viande rouge, qui a, selon elle, éloigné l'éleveur de l'industriel.