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Stratégie
Comment Maison Prunier s’est réancré dans le local

En 2008, la reprise du charcutier Gillet, depuis 10 ans, la Maison Prunier s’est réapproprié le marché sarthois et a accru ses ventes grâce à un positionnement plus haut de gamme.

Avec un triplement des volumes depuis 2008, Théophile Prunier est plus que satisfait de la réussite de la stratégie impulsée avec son frère, Léonard, et sa sœur, Philomène, avec lesquels il dirige la société de charcuterie familiale de Connerré : la reconquête de leur marché local, la Sarthe. « Nous avons pris conscience, lors de l’action du Medef “ici les boîtes bougent”, que nous n’étions pas assez connus sur notre propre département comme une entreprise locale, et nous avons donc construit notre démarche pour accentuer cet ancrage. Le marché sarthois est évidemment le plus exigeant en matière de rillettes, mais nous avons aussi largement développé nos gammes. Désormais, nous fabriquons toutes les charcuteries cuites sauf le jambon avec de nouvelles familles de produits comme les boudins noirs et les boudins blancs ainsi que les produits roses, petits salés, côtes cuites, rôtis de porc ou bien encore saucisson à l’ail », explique-t-il.

L’entreprise a décroché une médaille d’or pour ce dernier produit au concours général agricole durant le dernier Salon international de l’agriculture. « Nous avons clairement déployé depuis longtemps une stratégie de médailles en participant à deux grands concours, celui de Mamers et celui de Paris en sus de quelques autres comme celui de Sougé-le-Ganelon qui malheureusement va disparaître ou bien sur celui des 4 jours du Mans », détaille le dirigeant.

Cette stratégie se construit sur deux axes : la reconnaissance des professionnels pour le positionnement haut de gamme de la marque et l’émulation des équipes en interne. « L’engagement de nos collaborateurs contribue aussi à l’attractivité de notre entreprise pour de nouveaux embauchés », pointe le responsable qui cherche encore 7 à 8 personnes, charcutiers et conducteurs de ligne.

Nos salariés habitent à 80 % à moins de 10 km de l’entreprise

« Nous nous appuyons sur notre force d’entreprise locale. Nos salariés habitent à 80 % à moins de 10 km de l’entreprise par exemple et notre production est à 100 % sarthoise puisque nous fabriquons tout à Connerré », précise Théophile Prunier.

Les médailles alimentent naturellement la politique de communication de l’entreprise, basée sur ses produits. « Nous accentuons de plus en plus sur nos particularités dont l’origine des matières premières, mais aussi notre engagement dans la démarche PME + et notre choix de fournisseurs les plus proches possible de notre entreprise. Nous avons beaucoup travaillé sur cet axe de proximité hormis quelques produits qui ne sont pas disponibles ici, comme les pots de terre importés du Portugal, les poivres et les épices ou bien les oies maigres hongroises ou polonaises, car ici, sont principalement produites des oies grasses », poursuit Théophile Prunier.

Une politique qui fonctionne puisque 2018 a encore marqué une progression, l’entreprise étant passée de 4 800 tonnes (2017) à 5 500 tonnes de production avec un chiffre d’affaires de 33 millions d’euros sur la Sarthe, mais aussi et toujours au national.

Conquête et générations

L’ancrage territorial, la Maison Prunier l’avait naturellement dans les premières années de son existence et jusqu’aux années 1970 en tant que charcuterie de détail. Puis, le père des dirigeants actuels a engagé le mouvement vers le marché national, principalement le Grand Ouest, la région lyonnaise, riche en grossistes, et la région parisienne, en clarifiant les gammes sur quelques grandes familles de produits. La production des boudins avait par exemple cessé dans les années 1990. En termes industriels, ce retour aux bases géographiques et dans les gammes est passé par l’achat de la charcuterie Gillet et le rapatriement de sa production du site trop étroit de Ruaudin à Connerré, le site historique n’étant alors pas saturé. Des investissements matériels ont été faits pour des cuiseurs de rillettes, des fours pour les pâtés ou des marmites pour les petits salés et les boudins.

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