Ces entreprises qui osent l’aventure internationale
À l’occasion du Sial 2016, l’Ania a tenu à souligner les réussites françaises à l’étranger. L’agroalimentaire accuse encore du retard sur la scène internationale, mais bon nombre de sociétés affichent leurs ambitions d’exportation dans les allées. Tour d’horizon.
Si la France reste le quatrième exportateur de biens alimentaires transformés (derrière les États-Unis, l’Allemagne et les Pays-Bas), elle a pourtant perdu deux places au classement mondial en douze ans. Et l’année 2016 s’annonce décevante avec un excédent commercial attendu d’un peu plus de 6,8 milliards d’euros en recul de 1,3 milliard d’euros, le plus bas niveau depuis 2010. Seules deux entreprises sur dix exportent, contre huit sur dix en Allemagne, rappelle l’Ania, laissant entrevoir du potentiel de croissance. À l’occasion du Sial 2016, Jean-Philippe Girard, président de l’Ania, a souligné le décrochage important de la France dans les échanges mondiaux. Pour autant, il a appelé à « penser différemment » et « penser ailleurs ». Dans les allées du salon, les entreprises affichaient leurs ambitions d’exportation. Pâtisserie des Flandres était bien placé dans les allées du hall 5. Le passage de nombreux acheteurs étrangers pourrait lui donner de nouvelles opportunités à l’international, où elle réalise d’ores et déjà 15 % de son chiffre d’affaires. Les représentants de l’entreprise s’étonnaient d’ailleurs d’accueillir des visiteurs davantage étrangers que les autres années.
L’export comme source de croissance
Chez Materne Industries, l’export n’est pas nouveau. La filiale du groupe Materne et Mont Blanc (MOM) réalise 55 % de son chiffre d’affaires sur le marché international. Grâce à des contacts pris sur le Sial en 2012, l’entreprise a commencé un nouveau courant d’affaires au Canada depuis mars 2016. « Nous faisons trois ou quatre salons par an. C’est notre mode de démarche », explique Patrick Pawlak, directeur commercial de Materne Industries. Avec un chiffre d’affaires d’une vingtaine de millions d’euros, l’entreprise a également amorcé des exportations vers l’Arabie saoudite et la Bulgarie cette année. Bientôt dans le giron du groupe Bel, Materne Industries espère désormais utiliser les réseaux du groupe en Asie pour développer ses ventes dans cette partie du monde où elle n’est pas encore.
De son côté, Salaisons Merle, PME de 34 millions d’euros de chiffre d’affaires basée à Pouilly-lès-Feurs reprise par trois cadres dirigeants il y a dix ans, expose pour la seconde fois au Sial. Directeur commercial, Éric Chevalier, est l’un d’entre eux. « Nous sommes chez Lidl en France et en Europe depuis un an et demi à deux ans. On a démarché Lidl France puis répondu aux appels d’offres plusieurs fois tous les ans sans succès. Puis nous avons proposé des produits innovants, dont un saucisson aux noix tranché, et cela a fonctionné, explique-t-il, Lidl l’a ensuite testé lors d’opérations en Allemagne et en Pologne. » Depuis, le charcutier négocie avec E.Leclerc et Carrefour et affirme avoir « des pistes prometteuses ».
Des PME actives
Quelques pas plus loin, au hall 6, Pascale Geny, responsable service clients export pour Larnaudie et Les Occitanes, se félicite des premiers résultats obtenus avec les saucisses en barquette dotées d’une DLC à 18 jours vers le Royaume-Uni, la Finlande et l’Allemagne. « Nous préparons une offre sous-vide avec une DLC de 30 jours, nous allons essayer l’Europe de l’Est et du Nord, et en aérien le grand export », confie-t-elle. Pas de soucis du côté du foie gras, elle a rassuré ses clients provenant de plus de 50 pays : grâce à ses dix fournisseurs en France, les volumes seront assurés en fin d’année, moyennant une hausse de tarif.
Contrairement aux idées reçues, le Sial ne rassemble pas que des grandes entreprises. Mikaël Aubertin, cofondateur de Good Goût, expose pour la 4e fois au Sial. Un moyen pour la PME de voir ses clients étrangers (elle est déjà présente dans quinze pays) et d’en attirer d’autres en présentant cette année son sachet muesli fraise. Au pavillon Sud de France, Patrick Selaudoux, gérant de Frigexquis (2 M€ de CA, 15 salariés), se montre un peu plus fébrile. La PME exporte depuis dix ans ses glaces au Royaume-Uni. Avec sa nouvelle gamme bio ium ! aux saveurs originales, elle compte bien s’ouvrir de nouvelles portes à la fois en France, hors de sa région d’origine, et à l’étranger.
La BVP, un segment dynamique
L’assurance se fait clairement plus sentir du côté de la biscuiterie. À côté des ultramédiatiques Michel & Augustin, Loc Maria Biscuits ne fait pas pâle figure. L’entreprise réalise déjà 20 % de ses ventes à l’export, rappelle Aurélie Tacquard, fille du dirigeant et directrice développement & innovation. Ouverte il y a un an, « la filiale américaine enregistre de bons résultats », indique-t-elle. Après Costco, les crêpes dentelle Gavottes sont désormais chez Fairway Market à New York. « On développe des MDD, c’est nouveau », souligne-t-elle.
Mais l’opérateur français qui a certainement le plus marqué les esprits cette année, c’est le groupe Bigard. D’habitude si discret, il est sorti de sa réserve « pour prendre la parole à l’international », avec un très grand stand, chic, montrant toutes les facettes de son métier et y a mobilisé 70 commerciaux sur cinq jours, explique Guy Lepel Cointet, directeur marketing du groupe Bigard. Le groupe réalise 17 % de son activité à l’export (4,4 mds€ de CA) et voit là un levier de croissance important pour l’avenir.
Un recueil intitulé « les réussites françaises à l’international »
L’Ania a choisi le Sial pour publier un recueil sur les réussites françaises à l’export. Plus de 40 entreprises présentent leurs démarches concrètes couronnées de succès et classées en sept catégories (produits gourmets, épicerie sucrée, produits laitiers, produits céréaliers, boissons, produits traiteur, fruits et légumes). « Nous souhaitons inspirer l’ensemble de notre secteur à oser l’aventure internationale. La dynamique est réelle et les réussites se multiplient. Ensemble, nous devons aller au-delà des frontières faire rayonner l’excellence de nos produits et de nos savoir-faire », souligne Michel Nalet, vice-président Europe et international de l’Ania, en guise d’introduction au recueil. L’Ania rappelle qu’elle anime également un club des exportateurs de plus de 150 entreprises afin de promouvoir notamment l’exportation collaborative.