Broutards : la nouvelle donne
La forte réduction des vêlages en 2008 a occasionné une diminution assez importante du nombre de broutards disponibles pour l’engraissement ou l’export. Cette baisse des effectifs est due en grande partie à la fièvre catarrhale ovine, à la vaccination des vaches en gestation et au retrait prématuré des taureaux alors que les vaches revenaient en chaleur. Il ne faut pas non plus négliger les conditions délicates d’affouragement durant l’été 2007 avec des animaux qui ne se sont pas présentés dans les meilleures conditions pour la fécondation.
Les sorties d’herbage des broutards d’automne montent doucement en puissance et couvrent un peu plus facilement une demande italienne qui reste régulière, mais qui profite de ce rééquilibrage de l’offre pour mieux cibler ses achats. Dans un contexte économique qui a vu le prix du jeune bovin baisser de plus de 0,45 € en Italie sur dix semaines, les engraisseurs observent de très près l’évolution du prix du maigre, mais également celui des matières premières (céréales, soja, minéraux...).
L’activité de ce début de saison s’avère assez régulière, avec des prix qui se tiennent à un niveau assez satisfaisant pour les éleveurs. La semaine dernière, les tarifs des très bons lots de taurillons charolais U de conformation et pesant autour de 400 kg se valorisaient dans une fourchette de prix allant de 2,44 € à 2,67 €/kg vif sur les cadrans et les marchés du Centre (Châteaumeillant, Moulins-Engilbert, Bourg-en-Bresse, Laissac ou Saint-Christophe-en-Brionnais). La commercialisation est un peu plus calme pour les sujets plus communs, en qualité R, avec une gamme tarifaire comprise entre 2,21 € et 2,36 € pour des animaux de 350 à 400 kg.
Tendance plus lourde dans l’Ouest
Sur les marchés de l’Ouest, la tendance est un peu plus lourde avec des engraisseurs plus réticents face aux tarifs déjà pratiqués. Le prix des broutards se révèle assez élevé face à la valorisation de la viande. Certes, la marchandise mise actuellement à l’engraissement va sortir sur le début de l’année, où la demande est généralement favorable avec des cours plus élevés. Il serait souhaitable que les tarifs retrouvent leur niveau du début de 2009, où les charolais U se vendaient encore entre 3,58 € et 3,66 €/kg carcasse. Sur les foirails de Cholet, Châteaubriant ou Rethel, les charolais pesant de 250 à 300 kg se négocient dans une gamme de prix allant 730 € à 820 €, en fonction du poids, avec une moyenne à 780 € pour les standards convenables U-.
Dans les limousins, la commercialisation est plus hétérogène. La très bonne marchandise préparée pour l’export (350 à 450 kg) se vend assez régulièrement sur le cadran d’Ussel avec des tarifs correspondant aux charolais, soit de 2,44 € à 2,67 €/kg vif. En revanche, le placement se fait plus difficilement dans la moyenne marchandise avec des tarifs se situant plus dans une gamme de 670 € à 760 € la pièce pour des mâles de 250 à 300 kg R. Cette marchandise est moins recherchée par les engraisseurs français, car le poids final sera inférieur à celui d’un charolais ou d’un croisé pour une valorisation qui sera sensiblement la même.
En ce qui concerne le blond d’Aquitaine, la sélection se révèle plus marquée. La marchandise très bien conformée (E) se vend très facilement sur les marchés export (Grèce et Italie) avec des prix soutenus, soit de 3,66 € à 3,96 € pour des 250 kg. Les tarifs se situent entre 3 € et 3,30 € dans les U de 300 kg, pour tomber à 2,52 dans les R.
Marasme dans les femelles
Depuis que la flambée des matières premières en 2008 a fait fermer de très nombreux ateliers d’engraissement en Espagne, le commerce des femelles se retrouve dans une situation très délicate. Le marasme est assez saisissant en raison de la faiblesse des tarifs pratiqués. Depuis le début de l’année, les cours même peu élevés sont orientés à la baisse. La gamme tarifaire dans les petites laitonnes s’établit entre 1,98 € et 2,13 € pour les convenables et de 1,68 € à 1,83 € pour les moyennes.
Les charolaises convenables du Centre sont un peu mieux valorisées, mais leurs tarifs sont nettement en dessous des prix pratiqués en 2006 (avant la FCO). En juin 2006, les charolaises de 300 kg étaient cotées à 2,82 €/kg vif sur le cadran de Moulins-Engilbert, elles sont actuellement à 2,40 € pour les meilleures et 2,20 € en standard.
Dans un contexte économique très tendu, la réduction d’environ 15 % du nombre de broutards devrait participer à une bonne persistance des prix pour cette année. 2010 s’annonce déjà avec un nouveau déficit puisque le nombre de vêlages sur les premiers mois de l’année sont en retrait et très décalés dans le temps. Cette modicité des mises en place devrait participer à une meilleure tenue des prix sur la fin de l’année, à condition que la consommation le permette. C’est évidemment une autre histoire.