Bras de fer laitier
Toute la filière laitière avait les yeux rivés sur l'usine Lactalis de Laval. Le prix de 290 euros ressorti des négociations donnera le La pour l'ensemble des acteurs. Les autres industriels n'ayant plus qu'à se positionner par rapport à ce curseur. Le numéro 1 mondial le souhaitait en bas de l'échelle française et même européenne. Lactalis assume depuis des années de porter le costume de « méchant » dans la filière, sans trop de difficultés. Cette fois-ci l'industriel laitier a clairement affiché fin août la carte du marché mondial et souhaité imposer à ses producteurs un prix du lait très bas, pointant la crise de surproduction. Droit dans ses bottes, le porte-parole du groupe Michel Nalet n'a eu de cesse de répéter que le groupe était prêt à négocier avec les organisations de producteurs, dénonçant le rôle des syndicats agricoles dans l'échec des premières sessions de négociations. Difficile de savoir quelle marge de négociation, Lactalis, qui ne diffuse pas ses comptes, s'était réellement fixée ? Dans les manifestations agricoles, le patrimoine personnel plus que bien garni du très discret patron Emmanuel Besnier a cristallisé les attaques. Mais est-on vraiment sûrs que le groupe gagne beaucoup d'argent en France ? Ses concurrents Bel et Bongrain, qui enregistrent également de belles réussites à l'étranger, ne réalisent pas de grands bénéfices dans l'Hexagone alors même qu'ils ne sont pas présents sur le segment en crise des laits de consommation, à la différence de Lactalis. On peut imaginer qu'à l'instar de ses deux challengers, le groupe mayennais se rattrape sur d'autres marchés plus profitables. Plus question d'entretenir un modèle d'exploitations laitières en déficit de compétitivité depuis la fin des quotas. Voilà ce que laisse entendre la récente attitude de Lactalis, au moment où la France présente son plan de régulation de la production laitière. Le groupe a profité d'un certain manque d'unité au sein de ses producteurs (soixante-dix organisations de producteurs lui vendent le lait) pour tenter un passage musclé et une mutation forcée de la filière. @NathalieMarcha4
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