Bière : la concentration s’accélère
L’année dernière a été mouvementée pour Interbrew, Scottish & Newcastle et autres Carlsberg, où il s’est difficilement passé un mois sans entendre parler de rachat ou de concentration dans le secteur brassicole. Si 2002 a été placée sous le signe de l’expansion des grands groupes vers l’Europe de l’Est (Heineken en Russie, Scottish et Newcastle dans les républiques baltes via Hartwall), 2003 a été marquée par la lutte autour du marché germanique, qui a radicalement changé en un an.
Heineken a tout d’abord ouvert les hostilités en mai, avec le rachat du premier brasseur autrichien, BBAG pour 1,9 milliard d’euros. Une opération qui permet au hollandais d’asseoir sa position de numéro 1 en Europe centrale avec 28 % de parts de marché, deux ans après avoir formé une société commune avec Paulaner et Kulmbacher. La réplique d’Interbrew sera rapide, puisque le géant belge prend la première place en Allemagne avec le rachat de Spaten pour 477 millions d’euros en septembre, s’adjugeant le leadership sur le premier marché européen de la bière.
La présence d’Interbrew s’affirme de plus en plus outre-Rhin, après le rachat depuis 2001 de Beck & Co (Beck’s), Diebels et Gilde, ce qui avait fait tiquer la Commission européenne au sujet de la concurrence, sans toutefois entraîner de conséquences, le marché allemand étant très morcelé. Ce mouvement de concentration touche également les entreprises de moindre envergure, dans un pays ou le secteur était auparavant représenté par une multitude de sociétés familiales. En juillet c’est le numéro quatre Tucher Braeu qui reprend son concurrent Brau und Brunnen, et gagne une place dans la hiérarchie brassicole. Schéma identique au mois de décembre, avec la prise de participation de 50% du brasseur Radeberger dans Hofbraeu Brau, pour 60 millions d’euros. Quand à Holsten, leader déchu du marché allemand, le brasseur se disait dernièrement ouvert à une coopération internationale, éveillant l’intérêt de son compatriote Bitburg et du Danois Carlsberg, se déclarant tous deux prêts à le racheter.
Une frénésie d’achats et de regroupements
Dans cette frénésie d’achats et de regroupements, certains groupes sont partis à la recherche de liquidités ou bien souhaitaient se recentrer sur leur activité de distribution, comme Scottish & Newcastle. Le propriétaire de Kronenbourg, en possession d’une multitude de pubs, restaurants et hôtels, a vendu en octobre l’ensemble de cette division au consortium Spirit, pour la somme de 3,6 milliards d’euros en numéraire. Pour les grands groupes mondiaux, les résultats financiers ont été positifs en 2003, accompagnant une concentration effrénée. Et comme une coïncidence, le belge Interbrew commence l’année par une nouvelle acquisition, en levant l’option de vente qu’il possédait sur la société néerlandaise Hops Cooperatieve pour 612 millions d’euros. 2004 commence décidément très fort.