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Au Viêtnam, le marché est porteur pour les produits laitiers

La production laitière et la consommation connaissent une forte croissance au Viêtnam. De nombreuses opportunités s'offrent pour le savoir-faire étranger, selon une étude signée Business France.

Troisième pays le plus peuplé de l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (Asean), avec plus de 90 millions d'habitants dont 60 % ont moins de 35 ans, le Viêtnam présente aujourd'hui une remarquable dynamique de consommation, même si le pouvoir d'achat des classes moyennes reste encore limité. L'étude menée par Business France pour le compte du ministère de l'Agriculture souligne aussi l'expansion du tourisme de masse, avec 7 millions de visiteurs étrangers par an (chinois et russes notamment). Concernant les échanges commerciaux, le pays est une porte d'accès aux pays de l'Asean qui, depuis 2015, accueille la Chine, le Japon et la Corée du Sud. Ceci veut dire des droits de douane faibles ou nuls avec les pays de cette zone. À mettre également à son compte, deux accords de libre-échange en négociation : le partenariat transpacifique ou TPP, néanmoins affaibli par la décision des États-Unis d'en sortir, et l'accord de libre-échange avec l'Union européenne qui prévoit le démantèlement des droits de douane.

L'ÉLEVAGE LAITIER VIETNAMIEN EST JEUNE

Dans ce contexte positif, l'agriculture et l'élevage, qui représentent 17 à 20 % du PIB, s'avèrent être des activités majeures ancrées dans la culture vietnamienne. Toutefois, la surface agricole est limitée, les trois quarts du territoire étant en zones montagneuses ou forêts tropicales. Le pays présente par ailleurs une grande sensibilité au changement climatique et connaît une surexploitation des terres, comme dans le delta du Mékong dont l'équilibre hydrologique très fragile a été sévèrement touché en 2016 par la sécheresse et le fléau de la salinité des eaux. Ainsi, face au thème sensible de la fixation de la population rurale, l'amélioration des performances de ce secteur est une priorité nationale générant de nombreuses opportunités pour le savoir-faire étranger, estime Business France. Côté laitier, les pouvoirs publics ont mis en place un plan national de développement de l'élevage laitier visant à soutenir la filière et promouvoir la consommation de lait ; la production laitière nationale ne couvrant guère plus d'un tiers des besoins. On estime la consommation actuelle de produits laitiers entre 15 et 21 litres en équivalent-lait par an par habitant. Cette consommation s'est développée au cours des récentes années : près de +15 % par an en valeur de marché, soit 62 milliards de dongs vietnamiens (VND) en 2014 (2,5 millions d'euros). La croissance à venir du marché est estimée à 8 %, voire 10 % par an jusqu'en 2020. À cette date, la consommation devrait atteindre 28 litres par habitant. Au début des années 2000, le Viêtnam comptait seulement 35 000 vaches laitières. Selon les données FAO, le cheptellaitier est passé à 186 000 têtes en 2013 et se situerait aujourd'hui, selon une source officielle (MARD), autour de 280 000 têtes. À l'horizon 2020, il devrait s'établir à 405 000 têtes, soit +45 %. Le programme national de développement laitier lancé en 2001 a contribué à l'expansion de la production. En 2015, selon les sources, celle-ci a atteint 660 000 et 723 000 tonnes. Du fait du manque de fourrage, le prix du lait à la production est l'un des plus élevés au monde : 12 000 VND/l, soit environ 0,50 EUR/l.

DES FERMES GÉANTES INTÉGRÉES

Près des deux tiers du lait collecté sont drainés par Vinamilk, entreprise dont l'État est actionnaire à hauteur de 45 % et dont la totalité du capital a été ouverte en mai 2016 aux investisseurs privés, étrangers et locaux. C'est la première entreprise laitière du pays avec un chiffre d'affaires de 2 milliards USD (+11 % par rapport à 2015) et un bénéfice de 369 millions USD (+6 %). Afin de s'affranchir des importations de poudre de lait, le groupe vient de finaliser la construction de deux fermes géantes, l'une d'une capacité de 16 000 têtes et l'autre d'une capacité de 8 000 têtes (génisses en cours d'importation). En tout, Vinamilk détient ainsi dix fermes laitières. Objectif : passer de 110 000 têtes en 2015 à 170 000 têtes en 2020. Autre acteur majeur, TH MILK, qui a inauguré en 2010 l'une des plus grandes fermes laitières au monde. Il s'agit de plusieurs clusters de fermes laitières industrielles (connus sous le nom de « projet AFIMILK ») avec un cheptel de plus de 40 000 têtes et un objectif pour 2020 de 200 000 têtes.

VINAMILK CONTRÔLE 50 % DU MARCHÉ

Côté industrie, Vinamilk domine, avec douze usines et une gamme de 200 produits. L'entreprise, qui vise un chiffre d'affaires de 3 milliards d'euros à court terme, intensifie les efforts d'innovation en matière de produit, packaging et marketing. Elle a établi des partenariats en R & D avec DSM, Lonza et CHR Hansen. Elle a aussi investi dans le réseau de distribution pour affronter la concurrence étrangère, catalysée par les accords de libre-échange. Vinamilk dispose de près de 270 distributeurs exclusifs, réseau étoffé de plus de 250 000 petits détaillants auxquels il faut ajouter 1 600 super-hypermarchés et 600 convenience stores ainsi que des « showrooms » dans les grandes villes. Le groupe investit également à l'étranger et projette de réaliser 50 % de son chiffre d'affaires à l'international en 2020, contre 13 % en 2016. Les autres intervenants sont les vietnamiens TH Milk et Hanoi Milk, mais aussi Friesland Campina avec Dutch lady. Le groupe néerlandais compte deux usines dans le pays. Il s'agit pour l'essentiel de fabrications à partir de lait reconstitué. Pour le lait infantile, d'autres acteurs sont présents : Nestlé, Abott, Mead johnson, Nutrifood.

BEL, LEADER DANS LES FROMAGES

Le développement industriel laisse entrevoir un marché d'ingrédients laitiers particulièrement porteur : poudre grasse, poudre maigre, poudre de sérum et divers ingrédients du lait. Ce segment aurait progressé de 50 % en cinq ans. Fonterra et Hoogwegt jouent un rôle majeur. Fonterra contrôlerait 50 % des ventes d'ingrédients laitiers auprès des chefs cuisiniers et pâtissiers. Elle assurerait par ailleurs 50 % des volumes de fromages importés. En effet, après le lait et le yaourt, le fromage est le troisième segment en développement, avec un volume de 6 000 tonnes par an y compris le fromage pour la restauration.

La consommation de fromage tend à se développer via les fastfood, sous la forme de pizza notamment ou dans les « banh mi », les sandwiches vietnamiens. Le fromage fondu reste le fromage de référence. La palme de la notoriété revient au groupe Bel, qui a façonné de longue date ce marché avec la « Vache qui rit », « Con Bò C??i » en vietnamien. Présent industriellement depuis 2010, le groupe vient d'inaugurer une nouvelle usine d'une surface de 10 000 m2, permettant de doubler la capacité de production actuelle, et produit chaque semaine plus de 3 millions de portions de La Vache qui rit. En dehors du groupe Bel, la France est très peu présente. Néanmoins, l'Hexagone enregistre une augmentation notable de ses exportations en chiffre d'affaires de +18,5 % en moyenne par an depuis quelques années.

 

 

Source :

Étude « Viêt-Nam - Dynamique du marché agroalimentaire : diagnostic et opportunités d'affaires », réalisée par Anne Bernard - Business France, en partenariat avec le ministère de l'Agriculture.

La production locale ne couvre que 35 % des besoins. Les importations sont en croissance notamment pour les ingrédients laitiers : 73 000 tonnes de poudres grasses (172 millions USD) avec une place prépondérante de la Nouvelle-Zélande (Fonterra) suivie par les États-Unis, et 40 000 tonnes (49 millions USD) de poudre de lactosérum essentiellement des États-Unis et de la Pologne. La France arrive loin derrière, mais ses exportations sont en progression à deux chiffres depuis 2010 (en moyenne +18,5 % par an sur cette période). Le Viêtnam importe 15 000 tonnes de lait infantile (161 millions USD) et 4 800 tonnes de fromages selon les douanes des pays exportateurs (23 millions USD) dont 1 100 tonnes de fromages fondus en provenance notamment de la France (600 t), de l'Égypte (200 t) et de Nouvelle-Zélande/Australie (200 t). Le rôle de Fonterra est prépondérant, notamment sa gamme « Anchor Food Professional » (cheddar...).

 

CHIFFRES CLÉS

o Surface : 331 210 km²
o Population : 92 millions d'individus (2014)
o PIB : 193,6 milliards USD (2016), dont 17 % secteur agricole
o Croissance : +5,2 à +6,7 % par an depuis 2008
o Inflation : 0,6 %

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