Année en demi-teinte à la Sica Saint-Pol
Au bilan de l’exercice 2003 (clos au 31 octobre) de la Sica Saint-Pol (Saint-Pol de Léon, Finistère), première organisation de producteurs de légumes de France (350 000 à 400 000 tonnes de légumes, 1 700 apporteurs), un chiffre d’affaires en baisse de 15 millions à 244 millions d’euros dont 20 % proviennent de l’horticulture, et un résultat à l’avenant : 1,58 million contre 2,52 millions en 2002.
La faute aux « conditions climatiques […] moins favorables pour les légumes comme pour l’horticulture » en 2003, indique le secrétaire général de la Sica, Pierre Bihan-Poudec dans le rapport d’activité du conseil d’administration. Et aux effets toujours aussi dévastateurs pour l’échalote bretonne (40 000 tonnes dont 27 000 à la Sica) des mesures de rétorsion américaines, un marché où les Bretons commercialisaient 5 000 tonnes.
Autre production en crise et qui a entraîné cette baisse d’activité, l’endive. La Sica Saint-Pol, fidèle à la tradition bretonne, a organisé consciencieusement la production au fil des ans. Mais le marché demeure entre les mains du Nord où règne une si grande désorganisation que les prix s’effondrent. Le prix moyen de campagne s’est fixé en 2003 à 56 centimes d’euros le kilo pour un coût de revient double.
Pour le reste, le chou-fleur, production numéro 1 de la Sica en termes de chiffre d’affaires -suivi de la tomate et de l’artichaut- a souffert pour ses variétés d’automne de moindres rendements en novembre. Quant aux choux-fleurs d’hiver qui représentent le gros des volumes, le prix payé aux producteurs est le plus fort enregistré depuis dix ans.
2003, enfin, a marqué la confirmation de la stratégie de la Sica (dans le légume) de sortir de tout ce qui n’est pas production. Elle a vendu ainsi la Compagnie Bretonne de l’Artichaut (surgélation de différents légumes) au Belge Ardo, après avoir cédé une autre filiale dans la 4e gamme il y a quelques deux ou trois ans. Selon la Sica, c’est l’importance des capitaux nécessaires pour ce type d’industries qui l’a fait s’en détourner.
Départ d’Alexis Gourvennec
Mais, au-delà des chiffres, la clôture de l’exercice 2003 qui sera officiellement présenté aux adhérents samedi 20 mars, marque surtout la fin d’une époque, la sortie d’une figure emblématique du monde légumier et généralement agricole, le départ d’Alexis Gourvennec. Il a fondé en 1961 la Sica Saint-Pol et contribué à bien des révolutions de l’agriculture bretonne (les Marchés y reviendront prochainement).
Le plus gros dossier auquel le successeur de Gourvennec devra s’atteler, est celui de « l’élargissement de l’Europe à l’Est (qui) aura des conséquences très importantes pour notre agriculture », a commenté dans le rapport d’activités Pierre Bihan-Poudec, l’actuel secrétaire général qui pourrait être le futur président de la Sica. Les forts développements légumiers de la Pologne qui dispose du gigantesque marché allemand à portée de ses champs inquiètent beaucoup la Sica. Elle réalise en effet 50 % de son CA à l’export, majoritairement en Allemagne.