Ingrédient
Alland & Robert développe sa filière gomme d’acacia
En lien direct avec sa matière première africaine, Alland & Robert, un des deux producteurs français de gomme arabique, s’emploie à développer le marché de cet ingrédient très naturel et multifonctionnel.
En lien direct avec sa matière première africaine, Alland & Robert, un des deux producteurs français de gomme arabique, s’emploie à développer le marché de cet ingrédient très naturel et multifonctionnel.
Sur le marché mondial de la gomme d’acacia, Alland & Robert se distingue en exerçant son expertise tout au long de la chaîne d’approvisionnement, depuis les terroirs africains où poussent les acacias sauvages jusqu’aux services délivrés aux multinationales du soda, des arômes et cosmétiques, de la confiserie ainsi qu’aux distributeurs d’ingrédients. L’industriel normand est spécialisé dans cet ingrédient naturel aux propriétés multiples – émulsifiant, épaississant et stabilisateur dans les boissons et desserts, support d’arômes, enrobeur de confiseries sans sucre, agglomérant et source de fibres dans les barres céréalières, etc.
La gomme d’acacia, autrement appelée gomme arabique, procure à Alland & Robert l’essentiel de son chiffre d’affaires de 45 millions d’euros. Alland & Robert pousse sa spécialisation jusqu’à s’investir dans la recherche fondamentale en lien avec l’équipe de Christian Sanchez de SupAgro à Montpellier, le chercheur qui publie le plus d’articles internationalement sur « acacia gum ». Deux personnalités ont marqué ce positionnement particulier à l’entreprise familiale établie en 1884 à Saint-Aubin-sur-Gaillon : l’actuel président-directeur général Frédéric Alland, dont la deuxième patrie est peut-être la « ceinture de l’acacia » au Sahel, et Isabelle Jaouen, directrice recherche et qualité, spécialiste réputée des hydrocoloïdes, dont la gomme d’acacia fait partie.
Terroirs et populations
Depuis quatre ans, le président-directeur général se rend dans les zones de production avec son fils Charles qui doit lui succéder dans deux ans. Les deux hommes vont à la rencontre de leurs exportateurs, généralement exclusifs, au Soudan, au Tchad, au Mali ou au Sénégal, ainsi que des communautés qui font produire aux acacias les boules ambrées, matière première plusieurs fois millénaires de la gomme d’acacia. Ils vérifient la traçabilité, les conditions de travail, s’assurent de l’intérêt des populations de conserver ces arbres qui font rempart contre la désertification – Frédéric Allard compte se consacrer au développement dans ces régions quand il aura cédé l’entreprise.
Le père et le fils évaluent aussi le potentiel volumétrique et fonctionnel des récoltes. La récolte est en effet très aléatoire, et les Alland se risquent à estimer leur prix d’achat au mois de mars, à un mois de la fin de la récolte. Quant au potentiel fonctionnel, le sol sablonneux confère à la gomme une aptitude à l’émulsification ; argileux, il lui donne une aptitude filmogène.
8 à 12 mois de stocks
La matière première est acheminée jusqu’au port du Havre de mai à juin, en sac de 50 kg ou big bag, et les produits finis ne sont pas commercialisés avant le mois de septembre. Il y a 8 à 12 mois de stocks sur les deux sites d’Alland & Robert en Seine-Maritime. C’est dire les besoins de trésorerie. Les capitaux sont solides, « nos fonds propres représentent la moitié de notre chiffre d’affaires », souligne Charles Alland.
Les moyens de l’expansion
Le procédé de transformation est entièrement réalisé par l’industriel. Les boules cristallines sont broyées puis diluées à environ 40 °C, les impuretés sont éliminées et le jus est stocké dans des cuves avant d’être pulvérisé dans des tours de séchage. Les deux usines fonctionnent en continu.
L’entreprise a trois tours de séchage et s’apprête à en installer une quatrième, réservant 11 millions d'euros à cet investissement. Elle fait aussi construire un condensateur de vapeurs à Saint-Aubin qui va augmenter l’efficacité d’une tour de séchage et permettre aussi de récupérer de l’eau. Charles Alland avoue des difficultés à recruter en production alors que l’effectif total vient de passer de 80 à 100 personnes. « Nous allons automatiser le conditionnement en sac, il n’y aura plus de manutention », promet-il. La palettisation des sacs est robotisée et une partie de la production est conditionnée en big bag.
L’entreprise croît de plus de 10 % sur un marché mondial croissant de 3 à 5 % par an, selon Frédéric Alland, qui pense réaliser 15 % de ventes en bio cette année.
Sur la vague du naturel
« Notre objectif : que les développeurs aient de la gomme d’acacia dans leur boîte à outils », clame Frédéric Alland. Dans les boissons, produits laitiers ou assimilés, le pain et produits céréaliers ainsi que les substituts de viande, le spécialiste mise sur l’engouement des consommateurs pour le naturel et le végétal. L’inuline, les amidons modifiés et la gélatine sont les ingrédients que ses équipes renforcées en recherche et développement cherchent à substituer. « Alors qu’il faut un amidon modifié pour chaque fonctionnalité, la gomme d’acacia peut en assurer plusieurs », argumente Isabelle Jaouen, directrice de la R&D chez Alland & Robert. « C’est une fibre, mais qui ne fermente pas pendant la digestion et que les bactéries lactiques ne peuvent dégrader, contrairement à l’inuline », fait-elle valoir.