Agroalimentaire : attention aux accidents liés à l’ammoniac
L’agroalimentaire concentre les trois quarts des événements impliquant des installations de réfrigération à l’ammoniac en France. Le Barpi a analysé les 93 cas recensés sur la période 2014/2021. Les abattoirs et les laiteries sont les plus représentés, comme dans les études précédentes de 1995 et de 2002.
L’agroalimentaire concentre les trois quarts des événements impliquant des installations de réfrigération à l’ammoniac en France. Le Barpi a analysé les 93 cas recensés sur la période 2014/2021. Les abattoirs et les laiteries sont les plus représentés, comme dans les études précédentes de 1995 et de 2002.
Même s’il s’agit d’un produit très courant aux très bonnes propriétés thermodynamiques et sans impact sur la couche d’ozone, l’ammoniac est nocif à inhaler et mortel à haute dose. Il reste dangereux à manipuler et est impliqué dans une bonne dizaine d’accidents par an. Connu depuis l’Antiquité, l’ammoniac est revenu au premier plan dans la réfrigération depuis les années 90. C’est en effet de 1987 que date le protocole de Montréal pour l’interdiction des gaz réfrigérants chlorofluorocarbonés (CFC).
Depuis une trentaine d’années, les évènements impliquant des installations de réfrigération à l’ammoniac ont stagné en France après avoir augmenté entre 1980 et 1994, c’est-à-dire durant la première phase de montée en puissance de ce processus.
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Une marge d’action pour réduire les accidents liés à l’ammoniac
Cette stagnation visible démontre toutefois la marge d’action qui existe afin de réduire les accidents explique le Barpi (médiathèque interactive de référence en accidentologie industrielle) dans sa nouvelle synthèse. Elle analyse sur une période de 8 ans (janvier 2014-décembre 2021), les évènements sur les installations au sens large : équipements de fonctionnement (y compris les cuves d’alimentation et les tuyauteries de raccordement), de mesure (manomètre…) et de sécurité (capteurs, jauges…). Bien que non exhaustifs, les chiffres montrent des tendances avec une moyenne de 11,5 accidents par an, l’année 2020 (probablement en lien avec le Covid) étant la moins contributive aux 93 évènements analysés.
Des défaillances internes souvent causes d’accidents
Ils se répartissent en trois grandes catégories : 56 ont pour origine une défaillance interne (vanne défectueuse, défaillance d’un compresseur, rupture d’un piquage, rupture d’une soudure) ; 28 sont liés à une perturbation externe (foudre et incendie agressant l’installation de réfrigération, fortes chaleurs provoquant des montées en pression, chute d’un équipement à proximité, perte d’alimentation électrique, gestes inadaptés d’un opérateur ou d’intervenants extérieurs) ; 5 évènements ont eu lieu sur des sites disposants de telles installations sans les avoir heureusement concernées.
Le défaut matériel arrive en tête (99%) avec des fuites au niveau de la garniture, de joints ou d’un raccord des compresseurs. Les vannes et les électrovannes sont également des points de fragilité. Mais, chaque événement pouvant cumuler plusieurs causes, le Barpi note, dans 15 cas sur les 93, que la cause première est une intervention humaine. C’est surtout le cas durant des interventions avec, notamment, des erreurs de configuration de circuit lors de la préparation de l’intervention (erreur de manipulation de vannes ou bouchon laissé ouvert) ou dans l’installation (vibrations liées à un problème de montage menant à un desserrage ou à la rupture d’un flexible).
Les causes profondes de ces évènements ont été identifiées dans un peu moins de la moitié des cas avec en tête des facteurs organisationnels que ce soit l’organisation des contrôles, le choix des équipements ou l’identification des risques mais aussi les procédures et consignes données aux opérateurs et aux intervenants extérieurs.