20 millions d’euros mais peu de certitudes pour la filière laitière
Si certains représentants de la filière laitière étaient venus à la table ronde organisée hier par Hervé Gaymard avec l’espoir de voir se débloquer les négociations sur le prix du lait, ils en seront repartis bien déçus. « J’ai exhorté les producteurs et les transformateurs à s’entendre pour aboutir à une clause de paix leur permettant de travailler sereinement afin d’aboutir à un accord sur le 1er semestre », a indiqué le ministre de l’Agriculture à l’issue de la réunion. A ses yeux, l’interprofession laitière pourrait alors mettre à profit cette période pour élaborer un nouvel accord « mieux adapté aux enjeux de la filière ».
Du côté des producteurs, un certain désappointement était pourtant visible. « Nous avons un mur devant nous », déplore Henri Brichart, président de la Fédération nationale des producteurs laitiers (FNPL), qui se dit « fortement déçu par l’attitude des transformateurs ». La mobilisation déjà visible partout en France ne devrait donc pas mollir. D’autant que du côté des industriels, on semble camper sur ses positions. « La vraie responsabilité de la crise actuelle n’est pas à chercher du côté des transformateurs mais dans les décisions prises à Berlin et Luxembourg qui changent le cadre de la production laitière européenne », estime Gérard Budin, président de Sodiaal. « Il faut bien comprendre que les entreprises laitières ne décident pas une baisse du prix du lait par plaisir », renchérit Jean le Vourch, président de la Fédération nationale des coopératives laitières (FNCL). Une réunion, au sein du groupe Even qu’il dirige, est d’ailleurs prévue lundi prochain afin de décider du prix qui sera payé aux producteurs pour le lait livré en janvier.
Un plan stratégique pour fin juin
Mais, comme l’a rappelé M. Gaymard, le but initial de cette réunion n’était pas d’aboutir à un accord sur le prix du lait, mais de présenter un certain nombre de mesures suite au rapport remis le 6 février au ministre sur « l’évolution en France de l’élevage laitier comme des industries de transformation et de valorisation du lait Dans notre édition de demain. ». Les représentants de la filière laitière sont repartis avec l’assurance d’une aide immédiate de 20 M Eur qu’ils devront se partager selon des modalités qui d’après M. Gaymard seront définies dans les prochains jours. Une somme qui pour certains industriels présents à la réunion est assez faible au regard de la situation du secteur. Reste à savoir comment s’effectuera la répartition de cette enveloppe vu le climat actuel entre producteurs et transformateurs.
Un plan stratégique va par ailleurs être établi d’ici fin juin concernant 7 points : l’emploi, la maîtrise de l’offre, la restructuration industrielle, des mesures pour les exploitations (mises aux normes…), les relations avec les GMS, la promotion des produits laitiers, la recherche et l’innovation. Si M. Budin « ne décèle pas les vraies solutions à la crise » dans le rapport établi par le Comité permanent de coordination des inspections (Coperci), M. Le Vourch se dit, lui, « un peu surpris du poids accordé à la restructuration industrielle ».