Les États-Unis annoncent des taxes sur l’agriculture, la Chine riposte, que va faire l’UE ?
L’annonce de taxes sur les produits agricoles par Donald Trump devrait entraîner une réponse européenne, pour le moment, seule la Chine a réagi, annonçant des droits de douane sur un large éventail de produits alimentaires américains. L’Europe dépend davantage du marché états-unien pour écouler ses produits que le contraire, alerte la Rabobank.
L’annonce de taxes sur les produits agricoles par Donald Trump devrait entraîner une réponse européenne, pour le moment, seule la Chine a réagi, annonçant des droits de douane sur un large éventail de produits alimentaires américains. L’Europe dépend davantage du marché états-unien pour écouler ses produits que le contraire, alerte la Rabobank.

Le président américain Donald Trump a annoncé le 3 mars sur son réseau social implémenter des droits de douane sur les produits agricoles importés par les États-Unis à partir du 2 avril. Il prévient « Aux grands agriculteurs des États-Unis : préparez-vous à commencer à produire beaucoup de produits agricoles à vendre à l'intérieur des États-Unis ». Et d’ajouter : « Amusez-vous bien ! ».
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Ces taxes seront-elles appliquées ?
Or l’indice de confiance des consommateurs plonge outre-Atlantique, car ils sont inquiets des conséquences sur l’inflation d’une telle politique. Il est donc possible que le président, élu sur sa promesse de baisse des prix, ne mette pas en œuvre immédiatement les droits de douane. D’autant plus que les États-Unis ont annoncé la semaine dernière un plan pour un importer 70 à 100 millions d’œufs. Certains produits pourraient alors être exemptés, bien malin qui peut prédire les agissements du trublion de Washington. A noter que les taxes annoncées puis repoussées sur les produits canadiens, mexicains (25 %) et chinois (10 % supplémentaires) ont bel et bien été mises en place le 3 mars, inquiétant les marchés financiers qui tablaient sur un nouveau report.
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La Chine a déjà réagi avec des taxes agricoles
Ce mardi matin, on apprend par la presse américaine que la Chine a mis en place des droits de douane sur un large éventail de produits agricoles américains. Le ministre des Finances de la Chine annonce une taxe à l’importation de 15 % sur le poulet, le blé, le coton et le maïs des États-Unis, et une taxe de 10 % sur le soja, le sorgho, la viande porcine, bovine, les produits aquatiques, les fruits, les légumes et les produits laitiers.
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L’Union européenne n’a rien annoncé pour le moment
Nul doute que l’UE devrait réagir, expliquent nos confrères d’Agra Presse. Lors de sa visite du Salon de l’Agriculture, le 27 février, le commissaire européen à l’Agriculture, Christophe Hansen avait déjà indiqué : « On est frappés, on va devoir réagir ».
« On est frappés, on va devoir réagir »
Et d’ajouter : « Je pense qu'on a besoin d'un filet de sécurité unitaire pour de tels chantages ou chocs géopolitiques », renvoyant ainsi à sa Vision pour l’agriculture et l’alimentation présentée le 19 février. Des représailles tarifaires européennes qui, si elles sont appliquées, devront être ciblées, analyse, de son côté, le professeur Alan Matthews, du Trinity College de Dublin (Irlande), afin de minimiser les dommages qu’elles pourraient infliger à l’économie européenne.
Quelles conséquences pour l’économie européenne
La Rabobank s’est attachée, dans un récent rapport, à estimer l’impact de droits de douane américain sur l’agriculture et l’agroalimentaire européen. Les États-Unis achètent pour 38 milliards d’euros de produits agricoles et alimentaires européens, tandis que l’Union européenne n’importe que 14 milliards d’euros de produits états-uniens. « Les États-Unis sont donc plus importants pour l’Union européenne que vice versa » expliquent les analystes.
« Les États-Unis sont donc plus importants pour l’Union européenne que vice versa »
L’Union européenne exporte des produits transformés vers les États-Unis (vins, spiritueux, produits laitiers, fruits transformés, produits de boulangerie) et importe des produits bruts (soja et noix comptent pour le tiers des envois). Les États-Unis auront donc moins de difficultés à trouver des clients pour leurs produits que l’Union européenne et ses produits à forte valeur ajoutée, d’autant plus avec la guerre commerciale déjà en cours avec la Chine.
Le machinisme agricole serait le secteur le plus touché
C’est sur le machinisme agricole que la Rabobank identifie le plus de risque. Car les États-Unis sont un marché important pour les constructeurs européens qui peineront à trouver des débouchés alternatifs. Les constructeurs américains vont gagner en compétitivité sur le marché intérieur. Parmi les autres marchés à risque, la Rabobank cite les vins, avec des conséquences différentes selon les produits et leur élasticité prix, les produits laitiers, mais plutôt le beurre que les fromages haut-de-gamme, les pommes de terre transformées, et le saumon norvégien transformé dans l’UE.