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Gard, Vaucluse : des attaques de mildiou sur des variétés résistantes

Des symptômes de mildiou ont été détectés sur des parcelles de variétés résistantes implantées dans le Gard et le Vaucluse, subissant une météo quasi tropicale. Les chercheurs ne sont pas alarmistes mais appellent à la vigilance et préconisent de protéger ces parcelles.

parcelle de Pinot noir touche par le Mildiou. Salarie d une exploitation viticole effeuillant une parcelle afin d optimiser le prochain traitement fongicide et de limiter ...
Cette année, le mildiou est particulièrement virulent dans le Gard, favorisé par un climat presque tropical. Dans ce contexte des parcelles de variétés résistantes ont été touchées par le mildiou.La vigilance est de mise dans ces secteurs.
© J.-C. Gutner

Ce millésime 2024 met décidément les nerfs de la viticulture à rude épreuve. Un communiqué de presse conjoint de l’IFV et de l’Inrae annonce en effet que « des observations réalisées dans des parcelles des départements du Gard et du Vaucluse révèlent de manière circonscrite un niveau élevé de symptômes de mildiou sur plusieurs variétés résistantes ». 

Faut-il pour autant s’inquiéter ? Non, selon Christian Huyghe, directeur scientifique de l’Inrae. « Les attaques de mildiou sur variétés résistantes sont très régionalisées et situées en basse vallée du Rhône, qui connaît des conditions météorologiques quasi tropicales cette année, avec un climat qui se rapproche de celui de La Réunion », informe-t-il. Aucun problème n’a par exemple été remonté du Bordelais, où la pression est pourtant très forte. « Il s’agit juste de quelques cas, renchérit Éric Chantelot, directeur du pôle Rhône-Méditerranée de l’IFV. C’est circonscrit à 4 ou 5 parcelles isolées, cela ne se compte même pas en hectare. Il n'y a aucune raison d'être alarmiste. »

Ces parcelles en question, essentiellement dans le Gard, semblent avoir pour caractéristiques communes d’être vigoureuses et situées dans un contexte de virulence du mildiou très importante, avec un climat pratiquement tropical.

Variétés VCR et Resdur 1 touchées

Toutes sortes de variétés résistantes semblent touchées, que ce soit des pieds provenant du pépiniériste italien VCR ou des Resdur 1, notamment l’artaban, pourtant doté d’une résistance polygénique (Rpv1 et Rpv3). La majorité des retours de terrain font état d’attaques sur feuilles mais « on m’a signalé un cas sur grappes également », précise Christian Huyghe. Des propos confirmés par Éric Chantelot qui parle de « dégâts sur feuilles mais aussi quelques-uns sur grappes ». La fréquence et l’intensité des attaques semblent pour l’heure assez variables mais nettement supérieures à ce qu’elles sont habituellement sur ces parcelles. Les préconisations en termes de traitements sembleraient avoir été respectées. « Nous ne savons pas avec précision, indique Éric Chantelot, mais a priori, les consignes auraient été suivies et un ou deux traitements déjà réalisés. » L’historique des traitements des années antérieures n’est quant à lui pas connu.

Les chercheurs appellent les viticulteurs ayant des vignes résistantes situées dans les départements concernés à être particulièrement vigilants et à traiter ces variétés tant que la pression est aussi forte, afin de préserver suffisamment de feuillage pour la mise en réserve automnale. « Il convient d’assurer une couverture phytosanitaire équivalente à celle conduite dans les parcelles de variétés sensibles face à une attaque de mildiou avec une bonne couverture de tous les événements contaminants, détaille le communiqué de presse. Il est important d’alterner les modes d’action des substances actives et de privilégier les substances multi-sites. Cette protection à caractère exceptionnel sur les vignes résistantes doit être maintenue tant que les risques de contamination restent très élevés. »

Une cause en cours d’investigation

Cet hiver, des mesures prophylaxiques (retrait des feuilles) pourraient selon Christian Huyghe être préconisées sur les parcelles touchées. Mais Éric Chantelot est plus nuancé. « Des travaux de recherche sont actuellement menés sur la prophylaxie, mais nous n’avons pas encore les résultats, rapporte-t-il. Je ne peux donc pas me prononcer. »

Les chercheurs ne connaissent pour le moment pas la cause de ces attaques. « Est-ce lié à une défaillance des gènes de résistance ou la pression est-elle telle que les gènes ne sont pas suffisants pour protéger la plante ? », s’interroge Christian Huyghe. Nul ne le sait. Des prélèvements ont été envoyés pour analyses, afin de déterminer s’il s’agit d’un changement dans la population de mildiou, auquel cas, les préconisations pourraient évoluer. Mais ce qui est certain, c’est que les modèles des outils d’aide à la décision vont désormais intégrer de nouvelles données. « Les conditions extrêmes de cette année ne sont pas modélisées, explique le directeur scientifique. Elles le seront à l'avenir. »

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