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« Pour l’arrachage de vignes, on va se situer plutôt autour de 50 000 à 60 000 hectares »

Jérôme Despey, président du conseil spécialisé Vin de FranceAgriMer, fait le point sur l’évaluation des surfaces à arracher pour adapter le potentiel vinicole français.

Suite à l'enquête menée auprès des viticulteurs, la filière Vin affine sa demande d'arrachage.
Suite à l'enquête menée auprès des viticulteurs, la filière Vin affine sa demande d'arrachage.
© X. Delbecque

Quel est le besoin d’arrachage de vignes françaises à financer ? La filière Vin avait lancé une enquête auprès des viticulteurs via FranceAgriMer du 17 mai au 12 juin 2024 pour l’évaluer. Au final, 5 125 viticulteurs ont répondu au mailing diffusé auprès de 44 540 inscrits au CVI, détaille Jérôme Despey président du Conseil spécialisé vin de FranceAgriMer. Soit un taux de réponse de 11,5 %. « C’est un peu une déception, admet-il, car on avait fait beaucoup de mobilisation pour avoir un rendu le plus exhaustif possible pour calibrer la demande ». Le plan d’arrachage est en discussion avec le ministère de l’Agriculture depuis février dernier.

Deux tiers des surfaces en arrachage définitif

Parmi les répondants, 35 % envisagent un arrachage définitif, 19 % un arrachage temporaire, 14 % de l’arrachage à la fois temporaire et définitif tandis que 32 % ne veulent pas arracher.

En surface, 22 200 hectares seraient concernés par de l’arrachage, dont 15 400 hectares en définitif et 6 800 hectares en temporaire.

La répartition des 22 200 hectares place le Languedoc-Roussillon en tête avec 10 000 hectares, suivi par la Gironde avec 4 300 hectares, la Vallée du Rhône-Provence avec 4 100 hectares et le Sud-Ouest avec 3 000 hectares.

« En termes de segment, les AOC sont majoritaires, constate Jérôme Despey. La part est de 66 % pour le temporaire et de 59 % pour l’arrachage définitif, le reste est principalement de l’IGP, et de façon très résiduelle, des vins sans IG ». Sans surprise, les rouges représentent 85 % des surfaces, loin devant les blancs à 10 % et les rosés à 5 %.

Un besoin évalué entre 50 000 et 60 000 hectares

« On va se situer plutôt à 50 000 à 60 000 hectares si l’on extrapole par rapport aux résultats et aux téléprocédures commencées mais non abouties », annonce Jérôme Despey, rappelant les 100 000 hectares estimés par la profession pour délester le potentiel de production de 5 millions d’hectolitres.

Le manque de familiarité avec les outils numériques est l’une des causes avancées pour le faible taux de réponse. S’y ajoute « une période d’attentisme tant que les règles ne sont pas clairement définies », suppose-t-il.

L’objectif d’une mise en place au 15 octobre demeure

L’enquête proposait deux modalités d’aide : 2 500 euros par hectare arraché temporairement conditionnés à la non-replantation en vigne de la surface équivalente pendant 4 ans, sans obligation de replanter ni sanction à l’issue de la période ; 4 000 euros par hectares arrachés définitivement avec l’impossibilité d’autorisation de replantation d’une surface équivalente.

« Il s’agit d’une seule et unique souscription d’arrachage, rappelle Jérôme Despey. C’est une négociation exceptionnelle car le financement de l’arrachage définitif n’existe pas dans les textes européens ».

Concrètement, les réunions de travail se poursuivent avec le ministère de l’Agriculture et la Commission européenne pour formaliser les modalités de l’arrachage, avec une issue espérée pour fin juillet. Cette négociation est un préalable au dépôt d’une notification officielle auprès de la Commission européenne. Pour Jérôme Despey, une mise en place pour « le 15 octobre prochain est encore faisable ».

Le gouvernement avait promis 150 millions d’euros d’aides. Cette enveloppe serait fléchée sur l’arrachage définitif, l’arrachage temporaire serait financé sur les 100 millions du budget restructuration de l’OCM vitivinicole. La filière espère également pouvoir compter sur les crédits européens de crise.

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