Un cépage ancien vinifié au goût du jour
Le damas noir, un cépage autochtone aussi appelé syrah auvergnate, est de retour dans le Puy-de-Dôme. Ses résultats en vinification sont très prometteurs.
Le damas noir, un cépage autochtone aussi appelé syrah auvergnate, est de retour dans le Puy-de-Dôme. Ses résultats en vinification sont très prometteurs.
Depuis 2011, un demi-hectare de damas noir s’épanouit sur les coteaux sud de Châteaugay, dans le Puy-de-Dôme, à 400 m d’altitude. Planté par Pierre Goigoux, vigneron au domaine de la Croix Arpin et Pierre Desprat, à la tête de la maison de négoce Desprat, les raisins qui en sont issus sont vinifiés depuis 2015. Pierre Goigoux et Étienne Rachez, directeur technique de Desprat-Saint Verny vignobles en ont la responsabilité.
Un cépage qui ne craint pas l’extraction
Tardif, le damas noir est récolté à la main, égrappé et vinifié en cuve béton de 60 hl après ensemencement avec des levures sèches actives. Les cuvaisons durent une douzaine de jours au cours desquelles Pierre Goigoux et Étienne Rachez visent l’extraction. Ils réalisent deux remontages par jour associés à deux à trois pigeages sur toute la durée des cuvaisons. Le vin repose ensuite en cuve béton pendant six à neuf mois. Commercialisé en IGP Puy-de-Dôme, il présente de nombreuses similitudes avec son parent des côtes-du-rhône. Notes de fruits confiturés et d’épices, retour poivré en lien avec la présence de rotundone, selon Étienne Rachez « le réchauffement climatique permet aujourd’hui à ce cépage de s’exprimer pleinement". Les nuits fraîches contribuent par ailleurs à maintenir une belle acidité.
Jouer la carte de la typicité
Le damas noir semblait avoir été totalement anéanti par la crise phylloxérique. Mais deux pieds ont été authentifiés par Jean-Michel Boursiquot, expert en la matière, chez un pépiniériste local, il y a de cela vingt ans. Ce cépage n’est ni plus, ni moins tolérant aux maladies que le gamay et le pinot noir, cépages majoritaires dans la région, mais Desprat-Saint-Verny vignobles fonde de grands espoirs sur lui. « Nous incitons nos coopérateurs et notamment ceux qui s’installent à planter des choses particulières, pour marquer notre typicité et permettre au vignoble d’Auvergne de regagner ses lettres de noblesse », indique le directeur technique avec enthousiasme.