[ProBio Ouest] La filière bio des Pays de la Loire confiante en l’avenir
Le premier salon ProBio Ouest s’est tenu le 5 avril près de Nantes. En Pays de la Loire comme ailleurs, l’heure est au ralentissement de la croissance mais les perspectives restent bien orientées pour la production et la transformation.
Le premier salon ProBio Ouest s’est tenu le 5 avril près de Nantes. En Pays de la Loire comme ailleurs, l’heure est au ralentissement de la croissance mais les perspectives restent bien orientées pour la production et la transformation.
Les filières bio ligérienne et bretonne ont affiché leur dynamisme et leur diversité le 5 avril à Carquefou (44). Organisé par les associations interprofessionnelles Interbio Pays de la Loire et Initiative Bio Bretagne, le premier salon ProBio Ouest a connu un réel succès. Il a rassemblé 440 participants, 320 visiteurs (collectivités, grossistes, magasins spécialisés bios…) et 120 collaborateurs des 70 exposants présents. 71 rendez-vous professionnels se sont tenus durant le salon, tandis que les ateliers et forums proposés réunissaient 200 personnes. L’objectif de rapprochement entre l’offre et la demande semble donc atteint. «Les magasins bio ont toujours privilégié le local, et nous avons des entreprises très innovantes chez les transformateurs, notre vocation est de les mettre en relation», souligne Fanny Lemaire, la présidente d’Interbio Pays de la Loire.
Les Pays de la Loire au 4ème rang national
Sa région a connu ces dernières années une forte croissance de l’agriculture biologique. Les Pays de la Loire comptaient, en 2020, 13,4% des exploitations et 11,3% de la surface agricole utile en bio, ce qui place la région au quatrième rang national. La SAU en bio a doublé entre 2015 et 2020, avec un rythme moyen annuel de 377 exploitations AB en plus. Cette explosion se retrouve sur la majorité des filières animales et végétales, en adéquation avec la diversité de productions de la région. La dynamique a suivi en terme d’opérateurs avals : le territoire accueillait 330 opérateurs bios, transformateurs et grossistes, en 2020. Le tissu de PME depuis longtemps ancrées dans la bio y est riche, tout comme le bouillonnement de startups, dont plusieurs étaient présentes sur ProBio Ouest.
Ralentissement des conversions et de la consommation
Si les fondations sont solides, production et consommation bio connaissent actuellement, comme sur le plan national, une période moins florissante en Pays de la Loire. Les conversions y perdent en vigueur. Alors que la moyenne de l’augmentation des surfaces en bio était de 23 550 ha / an sur 2015 – 2020, ce chiffre est tombé à 19 215 ha en 2020 et l’estimation pour 2021 est à 17 056 ha. Le ralentissement est aussi de mise côté consommation. En Pays de la Loire, le marché bio avait progressé de 6 % en 2020, à 751 M€, avec une progression de la GMS, principal circuit de distribution (57 % des ventes), de l’ordre de 7 %. Les chiffres 2021 seront comme ailleurs moins bons, pour des raisons multiples, réouverture des restaurants, hausse des coûts de production et retour de l’inflation, sans parler des difficultés spécifiques à certaines filières (lait, œuf, F&L).
«A nous de mieux communiquer»
Cette situation nouvelle pour la filière n’inquiète pas Fanny Lemaire, qui, au vu de la conjoncture (grippe aviaire, Ukraine, élections présidentielles) n’attend pas d’éclaircissement avant 2023. «Nous avons connu de telles croissances qu’il n’est pas anormal d’avoir un ralentissement. Des fondamentaux ont pu être oubliés, comme la formation dans les magasins bios. Or le consommateur a besoin de sens», estime la présidente d’Interbio Pays de la Loire.
Nous sommes aussi chahutés par le green washing de certains labels,
Fanny Lemaire, présidente d'Interbio Pays de la Loire
«Nous sommes aussi chahutés par le green washing de certains labels, à nous de mieux communiquer sur les avantages de la bio», estime-t-elle. Plusieurs intervenants lors de conférences ont été plus véhéments, pour dénoncer la HVE notamment. La lassitude et l’amertume ont pu aussi percer à certains moments. «Nous sommes plusieurs à ne plus gagner notre vie en AB. Nous avons lancé la machine et nous sommes les dindons de la farce», a alerté Rémi Beslé, installé depuis 1995 en production de lait bio à Plessé (44). Les difficultés pour financer sur cette commune un projet de fromagerie collective témoignent d’un vent moins favorable pour la bio.
«Les producteurs bio vivent plutôt mieux que ceux en conventionnel», pondère Fanny Lemaire, rappelant qu’en Pays de la Loire la moitié fait de la vente directe. D’autres facteurs, passés en revue durant le salon, incitent la filière bio régionale à rester optimiste : la tendance profonde au manger sain et au locavorisme, la dynamique favorable au bio des Projets alimentaires territoriaux, celle de la Loi Egalim fortement incitatrice pour la restauration collective. Autant de sujets qui seront certainement regardés lors de la seconde édition de ProBio Ouest, prévue en 2023 en Bretagne.