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Prix plancher des produits agricoles : 6 questions sur leur possibilité

Emmanuel Macron au salon de l'agriculture 2024 a annoncé la mise en place rapidement de prix planchers dans les filières agricoles. Une annonce qui réjouit Confédération Paysanne et Coordination rurale mais laisse la FNSEA et de nombreux acteurs économiques perplexes. 

Emmanuel Macron, lors de sa visite du salon, discutant avec différents syndicalistes agricoles
Emmanuel Macron, lors de sa visite du salon, discutant avec différents syndicalistes agricoles
© Compte X d'Emmanuel Macron

Lors de sa visite mouvementée, samedi, au salon de l’agriculture, Emmanuel Macron a notamment évoqué l’instauration de « prix planchers » pour les produits agricoles. Face à une trentaine de manifestants, il a répété : «D'ici trois semaines, il y aura un prix minimum, un prix plancher en dessous duquel le transformateur ne pourra pas acheter, et le distributeur ne pourra pas vendre», rapportent nos confères d’Agra. Ce prix plancher serait basé sur les indicateurs de coûts de production reconnus par les interprofessions dans le cadre de la contractualisation via Egalim.  

Lire aussi : « Les prix planchers c’est l’application de la loi Egalim » : comment Attal nuance l’annonce d’Emmanuel Macron

Comment mettre un plancher sur les prix liés au marché mondial, comme les céréales ?

Cette annonce peut laisser particulièrement dubitatif, par exemple en ce qui concerne les céréales, dont la France est exportatrice nette. Si lors des années de cours bas, avec une récolte importante, elle applique un prix planchers dépendant des coûts de production, les céréales françaises ne trouveront aucun débouché sur le marché mondial. 

Comment gérer les dégagements en cas de surproduction ?

Chaque année, certains fruits et légumes sont déclarés en crise conjoncturelle par le RNM. Par exemple si la météo a été favorable pour la pousse, mais qu’elle est défavorable à la consommation, le marché est très lourd et ne se fluidifie que grâce à des opérations de dégagements, des promotions qui seraient alors impossibles. Que deviendraient alors les produits concernés ?

Lire aussi : Gabriel Attal : « L’agriculture française ne doit être ni l’URSS ni le Far West »

Qui devrait acheter à ce prix plancher ?

Si la GMS est tenue de s’approvisionner sur des prix planchers pour les produits bruts, qu’en sera-t-il des ingrédients utilisés dans les produits de grande consommation ? Les industriels de l’agroalimentaire, qui ont d’ailleurs connu des négociations commerciales sous tension, risquent de se détourner de la matière première origine France pour des importations. A noter que Marc Fesneau a annoncé que l’obligation d’informer les clients de la restauration sur l’origine des viandes serait élargie à la fin du mois de février aux ingrédients contenus dans les plats élaborés. Même schéma avec la RHD, où 60 % de la volaille est déjà importée.

Qui va imposer ces prix ?

Selon le discours du président, ces prix seront imposés par la loi. Or, selon Agnès Pannier-Runacher, sur Public Sénat, le but est de « responsabiliser chaque interprofession ». 

 

 

Elles « devront se mouiller », interpelle la ministre, ce à quoi Bruno Dufayet de la FNB répond « Vous n’avez pas compris les propos de samedi madame la ministre. Il dit nous allons imposer des prix planchers à hauteur des coûts de production interpro. C’est la loi qui va les imposer, pas les interpro à leurs membres car justement elles n’y sont pas arrivées ».

Qu’en pensent les opérateurs ?

Pour Michel Biero, président de Lidl France, une telle annonce va dans le sens de ce qu’il demandait dès 2018 « J’ai proposé aussi d’affecter un prix d’achat minimum garanti incluant notamment les coûts des productions pour le lait, le porc et le bœuf. Enfin j’ai proposé un prix de vente minimum pour ces produits ». «Pour garantir des prix planchers», il faut être en mesure de les répercuter dans le prix de vente, «ou qu'une puissance publique vous garantisse de couvrir la différence», a de son côté affirmé Dominique Chargé, président de la coopération agricole à l’AFP.

 Je n’ai pas du tout envie que le prix plancher soit le prix du lait appliqué par Lactalis !

Thierry Roquefeuil, président de la FNPL (éleveurs laitiers, FNSEA) s’inquiète ouvertement : « Il y a un gros risque qu’à partir du moment où l’on fixe un prix plancher, toutes les industries laitières se mettent à payer au prix du prix plancher, ce qui sera légal. Je n’ai pas du tout envie que le prix plancher soit le prix du lait appliqué par Lactalis ! Et si on met ce prix plancher trop haut, les produits français ne seront plus compétitifs et perdront des marchés à l’international ». Philippe Goetzmann, conseiller dans l’agroalimentaire, résume sur Twitter « Un prix plancher garantit un prix, un bout de papier quoi. Ça n'a jamais garanti un volume, ce qui fait le Chiffre d’affaires ». 

Qu’en pensent les politiques ?

Si la France Insoumise salue la proposition, s’en estimant à l’origine, Les Républicains dénoncent l’absence de prise en compte des charges.

 

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