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« Notre élevage de porc est autonome et économe »

Portés par le besoin d’être à la fois autonomes, sobres et efficaces sur leur élevage de 140 truies naisseur-engraisseur, les associés du Gaec Des Cas champs revendiquent des choix forts et des pratiques leur permettant de se dégager du temps et un revenu confortable.

La vente directe consolide l'autonomie de la ferme et concrétise un travail de réflexion démarré il y a cinq ans.
La vente directe consolide l'autonomie de la ferme et concrétise un travail de réflexion démarré il y a cinq ans.
© Chambres d'agriculture de Bretagne

Marie-Pierre et Xavier Moinard sont installés à Plémet, dans les Côtes-d’Armor, sur un élevage de 140 truies naisseur-engraisseur et 109 ha de SAU. Lors des journées portes ouvertes Innov’actions du 22 juin dernier, ils ont présenté leur exploitation et les quatre mesures phares mises en œuvre permettant d’optimiser la rentabilité de l’élevage. Depuis décembre 2022, les deux éleveurs développent une activité de vente directe à la ferme afin d’apporter une plus-value à leur production. 

La création de deux silos couloir couverts en 2018 leur permet de stocker et de valoriser leurs céréales. L’installation d’un tracker solaire en 2022 leur apporte un complément de puissance permettant de raisonner leur consommation d’électricité. Enfin, ils utilisent des extraits de plantes afin de réduire l’utilisation de produits vétérinaires.

 

 
Marie-Pierre et Xavier Moinard. «Nous avons engagé notre exploitation dans le développement durable depuis 2005.»
Marie-Pierre et Xavier Moinard. «Nous avons engagé notre exploitation dans le développement durable depuis 2005.» © Chambres d'agriculture de Bretagne

La vente directe, centre stratégique de la ferme

Depuis le début de l’année, Marie-Pierre et Xavier Moinard ont franchi le pas de créer un magasin à la ferme. Ils y valorisent entre trois et six porcs charcutiers par semaine, en transformant eux-mêmes la viande (viande fraîche, saucisses, charcuteries et plats cuisinés). Cette initiative consolide l’autonomie de leur ferme et concrétise un travail de réflexion démarré il y a cinq ans. Ce poste clé de l’exploitation nécessite une partie importante de leur temps disponible. La vente directe est devenue au fil du temps l’activité principale des associés. À deux, les éleveurs y consacrent près de 43 heures par semaine : transport des porcs charcutiers à l’abattoir, transformation de la viande, vente et comptabilité. Cela est rendu possible, grâce à la maîtrise de l’élevage, dans des conditions de travail confortables et sereines. La présence de deux apprentis permet de tamponner les surcharges de travail sur la ferme et au magasin.

60 % d’autonomie alimentaire

Grâce à leurs équipements (stockage de céréales en silos couloirs, redler à maïs, broyeur pour le blé et mélangeuse), la partie alimentation est optimisée par la valorisation du maïs produit sur la ferme (400 tonnes broyées et stockées à la récolte). Le blé (260 tonnes stockées en grains), est broyé quotidiennement en fonction des besoins des porcs. Une partie est revendue après stockage. La production des céréales de la ferme représente 60 % de l’aliment consommé.

 

 
Deux silos couloir couverts créés en 2018 permettent de stocker et de valoriser les céréales produites sur l'exploitation.
Deux silos couloir couverts créés en 2018 permettent de stocker et de valoriser les céréales produites sur l'exploitation. © Chambres d'agriculture de Bretagne

Consommation électrique raisonnée

Les outils énergivores sont utilisés en journée pour bénéficier de l’apport d’énergie du tracker solaire installé en 2022. Le laboratoire de transformation de la viande et le magasin nécessitent quelques équipements consommateurs d’électricité (hachoirs, trancheuses, chambres froides, banc réfrigéré). Quand ils fonctionnent en même temps que la fabrique d’aliment ou les autres équipements de l’élevage (ventilateurs, pompe haute pression), la consommation électrique augmente fortement. Le tracker apporte alors un complément de puissance pour subvenir à la demande. « Cela fonctionne très bien depuis le début de l’hiver. Cela ne devrait donc pas poser de problème le restant de l’année », se réjouit Xavier Moinard. Cette formule permet au Gaec de rester sur un contrat électrique inférieur à 36 kVa. Sur l’année, les exploitants consomment 100 % de la production du tracker, soit 38 000 kWh. L’économie réalisée s’élève donc à 7 600 euros TTC (pour un tarif de 0,2062 € TTC/kWh.)

Par Nicolas Kolytcheff, nicolas.kolytcheff@bretagne.chambagri.fr

 

 
L’installation d’un tracker solaire en 2022 apporte un complément de puissance permettant de raisonner la consommation d’électricité.
L’installation d’un tracker solaire en 2022 apporte un complément de puissance permettant de raisonner la consommation d’électricité. © Chambres d'agriculture de Bretagne

La phytothérapie contre les pathologies

Parmi les actions sur le long terme, la micronutrition est vite devenue essentielle pour maintenir un bon statut sanitaire de l’élevage. L’apport de produits à base d’extraits de plantes a permis de rehausser l’immunité des animaux et garantir des performances en cohérence avec les attentes des éleveurs. Pour chacun des stades physiologiques, Marie-Pierre et Xavier utilisent des solutions liquides et en poudre contre différentes pathologies récurrentes en élevage, afin notamment d’améliorer le confort digestif et l’efficacité alimentaire. L’action spécifique des différents compléments nutritionnels utilisés (sept au total pour l’élevage) répond à leurs attentes. « En maternité, mes truies mettent bas confortablement, et démarrent très bien en lactation, explique Marie-Pierre. Elles n’ont pas de congestions mammaires. Cela m’apporte de la sérénité dans la gestion quotidienne de l’élevage », assure l’éleveuse. Elle souligne qu’il est important de disposer du matériel adéquat pour la préparation et la distribution des solutions mères. « Une pompe doseuse pour chaque post-sevrage est indispensable afin de pouvoir faire si besoin un traitement ciblé et en temps réel. » Selon elle, les produits alternatifs permettent d’augmenter l’immunité des porcelets, et diminuent les périodes de stress alimentaire causées par les transitions. Elle estime que la phytothérapie permet de limiter leurs dépenses de santé (135 euros par truie et par an, produits alternatifs compris). Les apports d’antibiotiques et de vaccins sont très faibles, un seul vaccin pour les truies (rouget-parvovirus) et trois vaccins sur porcelets (œdème colibacillaire, mycoplasme et circovirus).

La vente directe valorise entre trois et six porcs charcutiers par semaine

Fiche élevage

Gaec Des Cas champs, Plémet (Côtes d’Armor)

2 associés (Marie-Pierre et Xavier Moinard) + 2 apprentis
140 truies naisseur-engraisseur
Conduite en 7 bandes, sevrage à 28 jours
Génétique truie Danbred et verrat Duroc
Engraissement sur place + 400 places en TAF
109 ha (maïs et blé) ; stockage 400 tonnes de maïs broyé + 260 tonnes de blé en silos couloirs + achat de complémentaire
Aliment 1er et 2e âges : Nutrifirm
Groupement : Evel’Up
1 tracker solaire

Philippe Barbier, nutritionniste et expert complément alimentaire, société Nutrifirm - Agri-Natur 53.

« Maîtriser la santé des cochons pour plus de sérénité »

 

 
Philippe Barbier, Nutrifirm - Agri-Natur 53.
Philippe Barbier, Nutrifirm - Agri-Natur 53. © Chambres d'agriculture de Bretagne

La base du travail effectué chez Marie-Pierre et Xavier a d’abord consisté à apporter un aliment bien équilibré en acides aminés et oligo-éléments chélatés. Les matières premières de bonne qualité sont produites sur l’élevage. Ensuite, nous avons mis en place un programme de compléments alimentaires à base d’extraits de plantes. Ils ont permis d’augmenter l’efficacité alimentaire en valorisant la ration. Le potentiel génétique des animaux s’exprime pleinement grâce au travail de fond des éleveurs. Ce travail leur assure d’avoir de bons résultats et d’être serein au quotidien en anticipant tout dérapage.

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