« La vidéo m'aide à détecter les phases de morsures de queue des porcs»
Pour le vétérinaire allemand Franz Lappe, l’analyse vidéo est un moyen efficace pour déterminer les éléments déclencheurs d’un épisode de caudophagie et sensibiliser les éleveurs aux facteurs de risque.
Pour le vétérinaire allemand Franz Lappe, l’analyse vidéo est un moyen efficace pour déterminer les éléments déclencheurs d’un épisode de caudophagie et sensibiliser les éleveurs aux facteurs de risque.
Le vétérinaire allemand Franz Lappe a recours depuis plusieurs années à l’analyse vidéo pour l’aider à réaliser un diagnostic de caudophagie. « Cette méthode est un succès dans plus de 80 % des cas », a-t-il témoigné auprès des vétérinaires porcins français lors du congrès AFMVP. Praticien en Rhénanie-du-Nord-Westphalie, il a développé sa propre approche pour accompagner ses éleveurs et comprendre les causes de morsures des queues.
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« L’analyse d’images vise à observer de manière intensive les animaux sans que leur comportement ne soit influencé par la présence de l’humain. Elle permet de déterminer plus facilement le ou les individus mordeurs, le moment et le type de morsure. Ces indicateurs aident à comprendre la motivation de la morsure, pour agir ensuite sur les causes. »
Cibler des séquences de jour et de nuit
La caméra doit être installée dans la salle d’élevage dès le début des problèmes de caudophagie. Les porcs de la case sont numérotés à l’aide d’un marqueur afin de repérer le mordeur. Le vétérinaire utilise une caméra Panasonic (non professionnelle), suffisamment sensible à la lumière pour les observations de nuit. Branchée sur le secteur, elle est fixée en hauteur de manière à avoir une prise de vue suffisamment large. Elle est installée dans une caisse en plastique hermétique, pour la protéger de l’ammoniac et de la poussière. « J’utilise la même depuis huit ans. »
Équipée d’une carte SD de 164 mégaoctets, la caméra a une autonomie d’enregistrement de 17 heures, largement suffisante pour réussir à filmer les phases de morsures (8 heures au minimum). Le logiciel associé à la caméra découpe ensuite l’enregistrement en séquences de 22 minutes, ce qui permet de cliquer directement sur celles comportant des morsures de queue. Le vétérinaire avoue avoir passé du temps les premières fois (4 heures) à l’analyse des vidéos, « mais avec l’expérience, cette méthode n’est pas si chronophage », estime-t-il. « Selon l’élevage, les premières observations de l’éleveur et les suspicions de type de morsures, je sais désormais quand filmer (de nuit, de jour, après les repas…) et quelles sont les phases à risque à visionner. Une morsure obsessionnelle se répète en général toutes les 4-5 minutes et sera rapide à détecter. Il faut aussi cibler des séquences de jour et de nuit, des morsures ayant parfois lieu uniquement de nuit, notamment celles liées à un problème de couchage, illustre-t-il. Au bout de 30 minutes de visionnage, je sais dire quelle est la cause des morsures. On peut pousser jusqu’à 1 ou 2 heures pour une analyse plus en profondeur. »
La vidéo a un intérêt pédagogique
À travers plusieurs exemples, Franz Lappe a montré des situations de caudophagie qui ont pu être résolues suite à l’analyse d’images : morsures plus intenses après les repas de soupe qui étaient liées à un dysfonctionnement de la pompe de dilution de l’aliment ; morsure d’un individu gêné par l’entrée directe des rayons du soleil en milieu d’après-midi (stress obsessionnel) ; entassement de porcs la nuit sur une partie de la zone de couchage liée à la fuite d’une vanne de lisier ; morsures d’oreille et de queue et comportement de tétée en post-sevrage (dysbiose et perte de sodium et de protéines) ; morsures par les porcelets les plus légers (compétition et surconsommation à l’arrivée en post-sevrage)… Pour le vétérinaire, ces segments de vidéos ont aussi un intérêt pédagogique et contribuent à persuader les éleveurs de la nécessité des changements à mettre en place dans l’élevage.
Trois types de morsures
Franz Lappe distingue trois comportements de morsures :