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« Je réduis ma facture de chauffage de 74 % avec la lisiothermie », explique l'éleveur de porc

À la SCEA Cosmoporc, la lisiothermie utilisée pour chauffer la maternité à partir du lisier d’un engraissement neuf devrait permettre 74 % d’économie d’énergie et un retour sur amortissement en moins de six ans.

À l’occasion de la construction d’un nouveau bâtiment d’engraissement, la SCEA Cosmoporc à Pamplie (Deux-Sèvres) a choisi d’investir dans la lisiothermie pour le chauffage des plaques eau chaude de sa maternité.

Lire aussi : Un chauffage innovant couplant biogaz et lisiothermie à l'élevage de porcs du Gaec Bernard

 L’élevage de 500 truies naisseurs-engraisseurs faisait jusqu’à présent engraisser une partie de ses porcs en prestation. « Nous avons voulu ramener tout l’engraissement sur l’élevage, ce qui impliquait de construire 300 places supplémentaires. Comme nous avons choisi aussi d’augmenter la surface utile par porc à 0,8 mètre carré, ce qui impliquait la mise en place de 400 nouvelles places, nous avons construit un bâtiment d’engraissement de 720 places. Et nous avons choisi d’investir dans la lisiothermie pour chauffer la maternité », explique David Frejou, installé en 2003 et rejoint par sa compagne, Patricia Allard, en 2018.

L’élevage, qui compte désormais 500 truies, 2 600 places de post-sevrage et 4 250 places d’engraissement, était soumis à la directive IED, qui implique d’utiliser les meilleures techniques disponibles (MTD) pour réduire l’impact environnemental de l’élevage sur l’eau, l’air et le sol. « Le refroidissement du lisier par le biais de la lisiothermie fait partie de ces MTD, précise Régis Rezeau, technicien bâtiment Cooperl. En abaissant la température du lisier, la lisiothermie réduit les émissions d’ammoniac. »

 

 
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Les calories du lisier servent à chauffer les plaques chauffantes en maternité © D. Poilvet

Du chauffage sans main-d’œuvre supplémentaire

L’économie d’énergie permise par la lisiothermie était par ailleurs essentielle pour la SCEA Cosmoporc. « Nous consommons beaucoup d’énergie, notamment parce que nous fabriquons tout notre aliment à la ferme, précise David Frejou. Nous avons déjà investi dans 118 kilowatts de panneaux photovoltaïques en autoconsommation. Et nous avons remplacé les lampes infrarouges par des panneaux rayonnants et changé nos ventilateurs pour des ventilateurs basse consommation. La lisiothermie est une technique simple et efficace pour récupérer des calories et réduire les émissions d’ammoniac du lisier. Et surtout, elle ne nécessite pas de main-d’œuvre, un point important pour nous aujourd’hui. »

Bien que l’exploitation dispose de huit permanents, dont cinq pour le porc et trois pour les 310 hectares de culture, les éleveurs ne souhaitaient pas ajouter une charge de travail pour le chauffage. « Nous avons réfléchi un moment à de la méthanisation, ce qui nous a amenés, quand nous avons changé nos cages pour des cages balance, à investir dans des plaques eau chaude pour les porcelets, s’accordent-ils. Mais la méthanisation est compliquée et ne correspond plus à nos attentes en matière de temps de travail. Nous allons par contre pouvoir valoriser nos plaques eau chaude grâce à la lisiothermie. »

12 888 euros d’économie par an

L’engraissement de 830 m², construit non loin de la maternité, est un bâtiment basse consommation comportant quatre salles en lumière naturelle, avec centralisation de l’air, trappes au plafond pour l’entrée d’air, « cooling » (refroidissement) et automate de lavage. La lisiothermie, réalisée par Asserva, repose sur des tuyaux en PVC dans lesquels circule de l’eau glycolée, qui ont été coulés dans le béton de la préfosse, où ils récupèrent des calories du lisier. « Avec 720 mètres carrés de surface de stockage de lisier et des tuyaux de 2 centimètres de diamètre tous les 35 centimètres, le système récupère 25-30 watts par mètre carré », indique Gilles Houzé, responsable technico-commercial d’Asserva.

L’eau qui se réchauffe ainsi passe ensuite dans la gaine de centralisation de l’air, où elle récupère encore des calories, puis par des tuyaux enterrés, est transférée jusqu’au local pompe à chaleur. La pompe à chaleur eau/eau convertit l’énergie thermique de l’eau en eau chaude pour les plaques eau chaude de la maternité, avec un coefficient de performance (COP) de 3,5 (production de 3,5 kWh de chaleur pour 1 kWh d’électricité consommé). L’investissement pour le bâtiment s’est élevé à environ 600 €/place, auxquels se sont ajoutés 70 000 € pour la lisiothermie et les circuits de chauffage. Alors qu’auparavant la SCEA Cosmoporc consommait 17 496 € par an pour le chauffage de la maternité, avec la lisiothermie, la seule consommation sera celle de la pompe à chaleur, estimée à 4 608 € d’électricité par an pour un coût de 0,20 €/kWh. L’économie devrait donc être de 12 888 € par an, soit 74 % de la consommation nécessaire. Avec une durée de vie de la pompe à chaleur estimée à douze ans, le temps de retour sur investissement devrait être de 5,4 ans.

Côté éco

Coût de la lisiothermie et des circuits de chauffage : 70 000 €
Économies annuelles de chauffage : 12 888 €
Retour sur investissement : 5,4 ans

Gilles Houzé, responsable technico-commercial d’Asserva

 
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Gilles Houzé, responsable technico-commercial Asserva. © V. Bargain

« Une configuration idéale pour une pompe à chaleur »

« Le chauffage des plaques eau chaude d’une maternité à partir des calories récupérées dans la préfosse d’un bâtiment d’engraissement est la configuration idéale pour l’utilisation d’une pompe à chaleur. Les plaques eau chaude nécessitent de l’eau entre 35 et 45 °C au maximum. L’eau de captage des calories arrive dans le local pompe à chaleur à 16 °C en moyenne. La pompe à chaleur récupère environ 5 °C de cette eau de captage. Et grâce à son coefficient de performance de 3,5, elle produit de l’eau à 45-55 °C. Avec les déperditions de chaleur, elle arrive à la maternité à la température idéale pour le fonctionnement des plaques eau chaude. L’entretien se limite au passage d’un frigoriste une fois par an. Il n’y a pas d’autres interventions à avoir. Avec l’augmentation du prix de l’électricité, de plus en plus d’éleveurs qui construisent un bâtiment s’intéressent à la lisiothermie qui est aussi une énergie “verte”. »

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