Aller au contenu principal

Des performances mitigées en engraissement avec l’ensilage de luzerne

L’apport d’ensilage de luzerne à hauteur de 10 % de la ration des porcs en finition ne dégrade par leurs performances de croissance. Cependant, la variabilité de la composition de la plante et des conditions de récolte rend aléatoire l’obtention d’un bon indice.

La distribution d’ensilage de luzerne dégrade l’indice de consommation.
La distribution d’ensilage de luzerne dégrade l’indice de consommation.
© Chambres d'agriculture de Bretagne

Dans le cadre du projet Fourproporc (1) réalisé en Bretagne sur la valorisation de fourrages comme source de protéines pour les porcs, l’équipe porc des Chambres d’Agriculture de Bretagne a testé l’apport d’ensilage de luzerne dans la ration des porcs en finition.

Lorsque l’ensilage de luzerne est apporté à hauteur de 10 % de la ration avec un aliment complémentaire équilibrant la ration, la vitesse de croissance et la durée d’engraissement ne sont pas dégradées. En revanche, lorsque la part d’ensilage représente 20 % de la ration des porcs en finition, leur vitesse de croissance est réduite et leur durée d’engraissement est plus longue ; malgré l’apport d’un aliment complémentaire permettant une ration iso-énergie nette et iso-lysine digestible par rapport à l’aliment témoin (tableau 2).

 

 
Des performances mitigées en engraissement avec l’ensilage de luzerne

 

Le TMP n’est pas impacté par l’apport d’ensilage dans la ration. Mais plus la part de ce dernier augmente, plus le rendement des carcasses diminue en raison de l’augmentation de la taille relative du tube digestif à cause de la forte présence de fibres dans la ration des porcs.

L’indice de consommation se dégrade

La distribution d’ensilage de luzerne dégrade l’indice de consommation : il augmente de 5 % et 12 % pour des taux d’incorporation de respectivement de 10 % et 20 % dans la ration, par rapport à des porcs alimentés avec un aliment complet. L’ensilage de luzerne est appétant pour les porcs et très peu de refus ont été constatés, permettant d’obtenir des mêmes consommations journalières (à 86 % de MS) avec ou sans ensilage. Ainsi, la dégradation de l’indice est directement liée à de moindres performances de croissance. Cette dégradation peut être en partie liée à la mauvaise qualité de l’ensilage de luzerne utilisé.

 

 
L’ensilage réalisé à partir de luzerne en plante entière augmente la part de fibres non digestibles très présentes dans la tige.
L’ensilage réalisé à partir de luzerne en plante entière augmente la part de fibres non digestibles très présentes dans la tige. © Chambres d'agriculture de Bretagne
En effet, alors que l’objectif de matière sèche était de 35 %, un fanage trop long l’a porté à 61,9 %, ce qui a pu entraîner une perte d’azote protéique. De plus, l’ensilage a été réalisé à partir de luzerne en plante entière, ce qui augmente la part de fibres non digestibles très présentes dans la tige. Cette forte teneur en fibre a des conséquences directes sur la disponibilité de l’énergie et des acides aminés. Se pose alors la question de la variabilité de qualité des ensilages de luzerne que nous pouvons trouver dans les exploitations et leurs conséquences plus ou moins importantes sur les performances zootechniques des porcs en finition.

 

Peu d’amélioration de l’autonomie protéique

La quantité de lysine digestible dans l’ensilage de luzerne a été supposée quasiment nulle. Ainsi, l’incorporation d’ensilage de luzerne dans la ration nécessite d’apporter davantage de protéines et/ou d’acides aminés dans l’aliment complémentaire, ne permettant pas un fort gain d’autonomie protéique. Les aliments complémentaires à la distribution de 10 ou 20 % d’ensilage de luzerne ont des prix plus élevés respectivement de 3,3 % et 8,9 % par rapport à l’aliment complet du régime témoin. Mais en supposant un coût de production de 82 euros par tonne de matière sèche pour l’ensilage de luzerne (main-d’œuvre comprise), les coûts alimentaires entre les régimes avec ou sans ensilage de luzerne sont similaires. Néanmoins, le coût du kilo de croît des porcs ayant reçu 20 % d’ensilage de luzerne est plus élevé, en raison d’une croissance plus lente.

Problème d’évacuation du lisier

La distribution d’ensilage de luzerne a été distribuée à des porcs logés à la station de Crécom sur caillebotis intégral avec un stockage du lisier sous les caillebotis. Les déjections étant trop fibreuses et malgré l’ajout d’un liquéfiant, le lisier n’a pas pu être évacué par la pompe à lisier. C’est un problème majeur pour l’utilisation de fourrages dans l’alimentation des porcs en France, logés en majorité sur caillebotis.

 

 
Le temps de distribution de la luzerne conservée dans un silo couloir est important.
Le temps de distribution de la luzerne conservée dans un silo couloir est important. © Chambres d'agriculture de Bretagne

De plus, même broyé finement, l’ensilage n’a pas pu être distribué par la machine à soupe de la station expérimentale, sa taille ainsi que les circuits de distribution étant trop petits. L’ensilage a donc été pesé et distribué manuellement deux fois par jour durant la période de finition, augmentant considérablement le temps de travail. À cela s’ajoute le temps lié à l’ensilage et de désilage de la luzerne. Le temps passé à la distribution d’ensilage sur l’ensemble de la période de finition, avec les conditions expérimentales contraignantes, a été de 50 minutes par porc.

(1) Le projet Fourproporc est financé en partie par le Conseil régional de Bretagne. Il a pour objectif d’évaluer l’intérêt technico-économique, à l’échelle de l’exploitation, de ...

 

Repères

Essai réalisé à la station de Crécom sur 2 bandes de porcs (144 porcs par bande).
Entrée en engraissement à 60 jours d’âge en moyenne.
Distribution de l’ensilage de luzerne à 102 jours d’âge en moyenne
Alimentation sèche

Les plus lus

« Je cherche à optimiser toutes mes ressources pour mon élevage naisseur engraisseur de 145 truies»

Boris Mousset s’est installé en 2015 sur l’exploitation familiale de 145 truies naisseur-engraisseur. L’acquisition de…

bâtiment porc naisseur-engraisseur vue extérieure
Des exploitations porcines plus grandes et plus spécialisées en Bretagne
Avec une baisse de 30 % du nombre d’élevages de porcs en dix ans, la production bretonne s’est concentrée avec des élevages…
Attention : mention "archives" obligatoire. Transport des porcs / Porcins en bétaillère / Déchargement des porcs pour l'abattoir / animaux dans un camion
Les abattoirs bretons en catégorie poids lourd
L’aval de la filière porcine bretonne est à l’image de son amont : dense et dominant en France. La région recense ainsi les…
Bertrand Houzé et son fils, Pierre-Louis. «Le choix d’investir dans des cases liberté est devenu une évidence depuis trois-quatre ans.»
« Nous gagnons plus d’une heure par jour avec notre nouvelle maternité pour truies en liberté »

Magalie et Bertrand Houzé ont investi dans deux salles de maternité de 30 places chacune. Avec des cases permettant de libérer…

Les élevages de moins de 150 truies sont souvent insérés dans des exploitations mixtes.
Les élevages de moins de 150 truies détiennent une truie sur six en France

Malgré l’augmentation constante de la taille des exploitations, les élevages de moins de 150 truies détiennent encore 16…

Béatrice Eon de Chezelles, experte des filières animales au Crédit agricole. «Certaines coopératives entrent au capital en haut de bilan lors d’une installation en ...
Installation en porc : le portage de capital en débat

En marge de l’assemblée générale du Comité région porcin de Bretagne, un débat sur le portage de capital dans le cadre d’une…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 100€/an
Liste à puce
Version numérique de la revue Réussir Porc
2 ans d'archives numériques
Accès à l’intégralité du site
Newsletter Filière Porcine
Newsletter COT’Hebdo Porc (tendances et cotations de la semaine)