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"Nous nous sommes formées en élevage ovin pendant 10 ans"

Cécile et Loan Jansen-Mulon sont installées depuis septembre 2020 en Aveyron, à Calmels-et-le-Viala. Avant de concrétiser leur projet, elles ont suivi un BPREA et un CS ovin et été salariées pendant une dizaine d’années.

Nous projetions de nous installer à deux en production laitière avec transformation fromagère. Après notre BPREA (brevet professionnel responsable d'entreprise agricole) en 2012 et des stages en chèvre et en brebis nous avons compris que le fromage et la vente directe étaient très chronophages et nécessitaient de gros investissements liés à la transformation.

Après une saison d’alpage, nous avons décidé en 2013 de nous former en ovin allaitant avec le CS (certificat de spécialisation) ovin viande à Bellac. En attendant de trouver une ferme où s’installer qui soit dans notre budget, nous avons été salariées agricoles (hiver) et bergères (été) pendant dix ans dans plusieurs départements.

Nous avons finalement choisi de nous installer avec deux ateliers, en vente directe viande et lait, avec transformation. Cela permet de vivre à deux sur une surface et avec un cheptel de taille modérée. Pour mener à bien la transformation, Loan a effectué un CS transformation fromagère à Aurillac en 2019.

Équilibrer les ateliers lait et viande

Le 1er septembre 2020 nous nous sommes installées sur une ferme qui faisait du lait de jument à Calmels-et-le-Viala sur 100 hectares en zone de montagne sèche avec essentiellement de la prairie naturelle, des parcours et des sous-bois. Le tout groupé sur deux versants non clôturés en fixe à 550 mètres d’altitude.

Notre objectif est d’équilibrer les chiffres d’affaires « lait » et « viande » car l’élevage ovin viande, en plus d’être moins chronophage, nous semble cohérent d’un point de vue écologique, étant moins énergivore. De plus notre bassin de population étant faible il est parfois compliqué d’écouler toute la production de fromages en local, même s’ils sont appréciés par nos clients fidèles (deux médailles d’or et une médaille d’argent au dernier concours départemental des fromages de l’Aveyron).

Commercialiser via un GIE

En ce qui concerne la commercialisation de nos productions, nous sommes rentrées dans un groupement d'intérêt économique (GIE) de producteurs de viande pour apporter des agneaux sur deux périodes de l’année, au printemps et à l’automne. Pour l’année 2023 nous serons à l’essai et si les membres du GIE et nous-même le souhaitons, nous deviendrons membres associées pour 80 agneaux par an. Les agneaux commercialisés par les membres sont découpés par eux-mêmes dans un atelier en Cuma. En plus de ce réseau de commercialisation, nous vendons 30 à 40 agneaux en colis à des particuliers sur Bordeaux et Lyon. Pour ces agneaux-là nous avons recours à un prestataire pour la découpe. Pour l’instant et pour 2023, nous allons vendre toute notre production en direct. Pour les campagnes suivantes, nous aurons peut-être recours à la vente en circuit long (marchands) en plus de la vente directe.

Pour ce qui est du fromage, nous vendons tout en circuits courts sur des marchés locaux et des épiceries fines. À partir de l’été 2023, nous vendrons également du fromage sur un marché proche de notre estive en Savoie, car nous aurons une petite fromagerie et une cave d’affinage là-haut.

Nous faisons le choix de transhumer avec tout notre troupeau. Nous avons fait ce métier pendant dix ans et nous l’aimons. De plus, nos terres étant peu productives et le climat très sec en été cela nous coûte trop en achat de fourrage. Nous produisons si peu de foin que nous devons en acheter 75 tonnes par an, même en partant en estive. La réussite de notre système repose principalement sur le fait de faire pâturer au maximum les bêtes toute l’année pour réduire les achats de fourrage. L’estive est une première étape dans notre recherche d’herbe sur pied. Nous comptons également trouver des pâturages d’automne et d’hiver, avant de revenir sur nos pâturages de printemps en Aveyron.

 

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