Les freins et les motivations identifiés pour l’autonomie protéique en élevage de ruminants
S’engager dans la recherche de l’autonomie protéique nécessite des changements de pratiques et une prise de risques qui peuvent être accueillis difficilement par les éleveurs.
S’engager dans la recherche de l’autonomie protéique nécessite des changements de pratiques et une prise de risques qui peuvent être accueillis difficilement par les éleveurs.
Les éleveurs qui tendent vers l’autonomie alimentaire et protéique sont animés par une recherche de cohérence, d’économie et de résilience. Une enquête, dans le cadre du programme Cap Protéines, auprès d’une cinquantaine d’éleveurs de ruminants et de conseillers de toute la France a permis de mettre en relief les freins et les motivations pour aller vers une plus grande autonomie protéique. Au total, 48 entretiens (26 éleveurs et 22 conseillers) ont été conduits durant l’été 2021. Les éleveurs ont été choisis pour refléter une diversité de systèmes ruminants et de contextes agroécologiques. Finalement, la répartition géographique des éleveurs enquêtés est la suivante : Bourgogne Franche-Comté (10), Hauts de France (4), Normandie (3), Pays de la Loire (2), Nouvelle-Aquitaine (7). Il a été demandé à chaque éleveur de définir, selon lui, l’autonomie protéique, puis d’estimer le niveau d’autonomie protéique de son élevage. Ils sont 15 à estimer que leur autonomie est assez voire très élevée. Ceux-ci apprécient la résilience de leurs systèmes, souvent plus économes que lorsqu’ils dépendent d’achats extérieurs d’aliments protéinés.
Plus de liberté avec l’autonomie protéique
Pour de nombreux éleveurs, l’autonomie protéique est synonyme d’autonomie décisionnelle. « Plus tu es autonome, plus tu peux décider librement », apprécie un éleveur ovin. Ceci va de pair avec la fierté de proposer au consommateur des produits dont la qualité a été suivie de la semence fourragère jusqu’au lait ou à la viande.
Cependant, certaines idées reçues demandent d’être démontées. Des éleveurs ont exprimé leur crainte de voir leurs performances zootechniques mises à mal par la recherche d’autonomie, d’avoir plus de travail ou encore de complexifier leurs systèmes. Ce dernier frein est une réalité, puisque l’autonomie passe par la diversification des assolements et la combinaison de plusieurs leviers à différents niveaux. La diversification des variétés végétales va néanmoins permettre de constituer des rations plus équilibrées. Les éleveurs ayant une bonne autonomie ont su lever ces freins en se renseignant, via la presse agricole, internet, des visites d’exploitations et beaucoup d’échanges avec leurs pairs.