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« Je travaille comme technico-commerciale avant de m’installer en élevage ovin »

Prendre son temps pour construire un projet viable et profiter de l’expérience du terrain en amont, voilà les objectifs de Mathilde Poulet, dont la finalité est l’installation sur la ferme ovine familiale à Rosières-aux-Salines en Meurthe-et-Moselle.

<em class="placeholder">Mathilde Poulet</em>
Mathilde Poulet, 22 ans, souhaite s'installer sur la ferme familiale en Meurthe-et-Moselle, après une première expérience de technicienne en coopérative.
© C. Falcoz

« Mon père étant éleveur ovin, j’ai toujours voulu m’installer. J’ai fait un BTS ACSE, qui m’a permis d’acquérir les compétences en gestion agricole. Ensuite, je me suis tournée vers le CS ovin de Mirecourt, pour compléter ma formation en technique ovine.

En effet, c’est une production qui n’a pas du tout été abordée en BTS. Les deux formations ont été très complémentaires.

Une installation en attente

À la fin de ma formation en 2023, la situation un peu précaire de l’entreprise familiale ne me permettait pas de m’installer. Plutôt que de me lancer et de prendre des risques, j’ai préféré attendre que l’entreprise évolue avant d’entamer les démarches à l’installation. Il est en effet indispensable de sécuriser le foncier, voire d’agrandir les surfaces pour se projeter. J’ai donc commencé en tant qu’aide familial avec mon père.

L’entreprise compte 160 hectares avec 100 % de surface en herbe. Nous élevons 60 vaches allaitantes et 500 brebis, principalement de race Hampshire, conduites en système herbe. Nous profitons de la situation géographique de la ferme, proche des villes, pour faire de la vente directe en caissette. Le système et l’organisation tels qu’ils sont nous conviennent bien.

Combiner deux activités : une chance pour progresser…

Après un an en tant qu’aide familial à temps plein, j’ai eu l’opportunité de prendre un poste de technico-commerciale à 80 % à EMC2, une coopérative de mon secteur. Mon travail consiste à apporter des conseils techniques aux éleveurs, à acheter les agneaux, et à les répartir aux différents abattoirs au centre d’allotement.

J’organise mes semaines et mes horaires comme je le souhaite. Cela me donne une grande souplesse, qui me permet de me dégager du temps pour gérer aussi les travaux sur la ferme, tels que les chantiers de traitement, ou la mise en œuvre de la vente directe. Ce poste me donne l’occasion de mêler la technique et le commerce, et d’avoir des échanges très enrichissants avec les éleveurs.

Grâce au CS ovin, j’avais découvert la diversité des systèmes existants dans la région, et acquis de solides compétences techniques, qui sont indispensables à ce poste : je n’aurais pas pu effectuer correctement ce travail sans cette formation ! Les éleveurs adhérents attendent de moi que je fasse mes preuves, et n’accordent pas leur confiance facilement, il faut la gagner ! c’est un sacré challenge ! Lorsque je viens acheter des agneaux, il faut discuter, négocier, trouver des arrangements, proposer des accords donnant-donnant… Qui a dit que le poste de technicien était « tranquille » ? !

… même si la finalité reste la même

Mener de front ces deux activités me demande une grande organisation, et une bonne gestion en termes de charge mentale. Il faut penser à tout : faire son planning de la semaine en prenant en compte les impératifs de l’élevage et les obligations de la coopérative. Mais cela me permet aussi de développer un réseau qui me sera utile quand je serai installée.

Mon travail me plaît, mais j’ai à cœur depuis toujours d’être ma propre patronne, de travailler pour moi et l’entreprise familiale. Quand l’occasion se présentera, et que la situation me permettra de dégager un revenu correct avec la ferme, je m’installerai. Peut-être que je continuerai à travailler un ou plusieurs jours pour EMC2. Cela m’apportera un complément de revenu, et me permettra aussi de garder un lien avec les autres éleveurs et les actualités du terrain. »

Le statut d’aide familial

L’aide familial vit sur l’exploitation et participe à sa mise en valeur. Il peut avoir une activité à l’extérieur. Il n’est pas rémunéré, mais est « nourri, logé, blanchi » par le chef d’exploitation. Pour être aide familial, il faut avoir un lien de parenté avec le chef d’exploitation ou son conjoint (ascendants, descendants, frères, sœurs ou alliés au même degré). Ce statut, limité à cinq ans, est très intéressant dans le cadre d’un projet d’installation car il permet de bénéficier d’une couverture sociale et de cotiser pour la retraite, en attendant de s’associer.

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