Coronavirus
[Les éleveurs ovins face au Covid-19 – 5]
Face aux mesures de confinement pour tenter d'endiguer l'épidémie de covid-19, les filières agricoles tentent de s'organiser. La filière ovine ne fait pas exception à la règle et nous avons donné la parole aux éleveurs qui font part de leur quotidien dans cette situation exceptionnelle. Témoignage d'un éleveur de brebis allaitantes en Ardèche.
Face aux mesures de confinement pour tenter d'endiguer l'épidémie de covid-19, les filières agricoles tentent de s'organiser. La filière ovine ne fait pas exception à la règle et nous avons donné la parole aux éleveurs qui font part de leur quotidien dans cette situation exceptionnelle. Témoignage d'un éleveur de brebis allaitantes en Ardèche.
« Lundi j’ai pu faire partir 25 agneaux, ça m’allège un peu mais on reste quand même très tendus. D’autant que depuis le début de la crise, nous n’avons aucune idée de combien nous allons être payés. Même si j’ai bien conscience que l’important aujourd’hui c’est que l’on arrive à écouler nos agneaux, l’inconnu du prix s’ajoute à notre stress quotidien. Cela dit, le technicien de la coopérative nous tient tous régulièrement informés via des textos. Voici la teneur du message : « la semaine prochaine est votre tour pour la collecte. La situation est tellement catastrophique que nous ne savons pas aujourd’hui si nous allons collecter. Néanmoins au cas où, il est indispensable que vous nous envoyez vos prévisions d’agneaux avant demain midi. Tous les agneaux annoncés après ne seront pas collectés. Quant au prix, il nous est totalement impossible de vous l’annoncer, notre seul but est d’essayer de vous enlever les agneaux […] ». Je trouve important que le contact se fasse toujours, car même si nous n’avons pas beaucoup de réponses à nos questions, nous savons que nos partenaires travaillent toujours pour essayer de débloquer la situation.
Garder les agnelles et donner plus de fourrage aux agneaux
Pour ma part, je vais garder une trentaine d’agnelles à l’origine destinées à l’abattage pour la reproduction. Quant à mes agneaux, je ne préfère pas rationner lors du sevrage, je risque d’avoir de la casse. Par contre, je distribue du fourrage de bonne qualité (paille et foin) quasiment à volonté, comme ça ils se remplissent la panse et consomment un peu moins de concentré, même s’il est servi à volonté. J’ai aussi souscrit à un prêt à taux zéro, puisque c’est un geste des banques pour aider les petites entreprises. Le problème qui commence à pointer aujourd’hui concerne les agneaux sous signe de qualité, tel que les IGP ou Label Rouge. Si nous ne pouvons les vendre à temps, les agneaux vont trop grossir, seront déclassés d’une part, mais avec l’engorgement actuel du marché, ils seront tout simplement invendables. Et le problème du référencement des produits dans les grandes surfaces posent aussi problème. En effet, l’IGP agneau de l’adret, par exemple, n’est référencé qu’en carcasse entière dans les supermarchés, car destiné au rayon de boucherie traditionnelle. Or ces rayons ferment les uns après les autres et nous ne pouvons pas envoyer nos agneaux IGP en barquette car le référencement n’existe pas. Une partie peut-être écoulée via les bouchers traditionnels, mais cela représente un petit volume. »