Coronavirus
[Les éleveurs ovins face au Covid-19 – 4]
Face aux mesures de confinement pour tenter d'endiguer l'épidémie de coronavirus, les filières agricoles tentent de s'organiser. La filière ovine ne fait pas exception à la règle et nous avons donné la parole aux éleveurs qui font part de leur quotidien dans cette situation exceptionnelle. Témoignage d'un éleveur de brebis allaitantes dans l'Eure.
Face aux mesures de confinement pour tenter d'endiguer l'épidémie de coronavirus, les filières agricoles tentent de s'organiser. La filière ovine ne fait pas exception à la règle et nous avons donné la parole aux éleveurs qui font part de leur quotidien dans cette situation exceptionnelle. Témoignage d'un éleveur de brebis allaitantes dans l'Eure.
« Les deux dernières semaines la vente directe a tourné à bloc ! Nous n’étions pas prêts au début, mais même en approvisionnant au maximum notre boutique, nous avons tout écoulé. Les gens se sont rués sur la viande fraîche, les produits cuisinés, tout y est passé. J’ai un peu plus peur maintenant avec les annonces de durcissement du confinement. Nos clients pourront moins facilement se déplacer. Par ailleurs, je vends normalement chez un autre producteur qui fait de l’achat-revente, à un Gamm Vert qui est aujourd’hui fermé et en ligne via ma coopérative. Et lorsque j’ai besoin d’écouler encore du volume je m’inscris à un ou deux marchés dans le week-end, ce qui me permet de vendre encore quelques agneaux de plus. Ce n’est désormais plus possible et la fermeture des marchés va poser un grave problème car beaucoup de petits bouchers passaient par ce biais là pour s’approvisionner en agneaux.
Je vois venir la période de Pâques avec pas mal d’appréhension aussi, normalement je réalise 30 % de mon chiffre d’affaire sur cette fête. Heureusement, je fonctionne en flux tendu avec mes agneaux. Les premiers qui devaient être abattus sont encore sous la mère, donc je vais peut-être les sevrer plus tôt et leur faire subir un petit stress pour ralentir la croissance. J’arriverai à reporter mes volumes, je pense… J’ai également eu le directeur de l’abattoir, qui appartient au groupe Bigard, qui m’a assuré que l’activité perdurera tant qu’il y aurait du personnel. Je ne suis pas le plus à plaindre et j’ai une pensée pour mes collègues du sud, qui ne peuvent plus abattre ou exporter leurs produits vers l’Espagne et pour qui Pâques représente une très grosse part de leur chiffre.
Le confinement ne nous impacte pas trop sur la ferme, la circulation est bonne pour les livraisons d’agneaux, d’aliments, etc. Seule difficulté, mes deux enfants en bas âge sont dans nos pattes ! Mon épouse étant également mon associée, nous arrivons assez bien à nous organiser pour les gérer et continuer à travailler dans de bonnes conditions. »