Le roquefort en croisade contre le Nutriscore
Le système de notation des aliments selon les apports nutritionnels Nutriscore déplaît aux AOP laitières et notamment au roquefort car il n’est pas adapté à la qualité de ces produits.
Roquefort sans Nutriscore, c’est le leitmotiv de la Confédération générale de Roquefort (CGR), qui s’affiche « non pas contre le Nutriscore, mais pour l’exemption des AOP laitières de ce système ». Lors d’une conférence de presse tenue le 11 octobre à Millau, les élus locaux, le conseil départemental et la Confédération générale de Roquefort ont mis en avant leur opposition à la notation des produits laitiers sous signe de qualité par le Nutriscore. Sébastien Vignette, secrétaire général de la CGR développe : « Le Nutriscore occulte une partie des apports nutritionnels propres aux fromages tels que le calcium, les oligoéléments ou encore les acides gras insaturés, le 'bon' gras, pour ne mettre en avant que le sel et la teneur globale en matière grasse qui font chuter la note. » Il rappelle que les additifs et les édulcorants ne sont pas pris en compte dans l’algorithme, composants peu ou pas présents dans les fromages. De plus, les produits laitiers sont publiquement reconnus comme étant des atouts santé recommandés par les pouvoirs publics, avec en plus pour le roquefort les bienfaits du lait cru.
« Les AOP sont soumises à des cahiers des charges cadrés, réglementaires, qui ne peuvent pas changer facilement, souligne Sébastien Vignette. Contrairement aux produits ultra-transformés, dont la composition varie au gré de la réglementation et/ou des attentes sociétales. C’est une injustice et le Nutriscore va induire une comparaison entre des choses non comparables. » Enfin, le dernier aspect qui fait que les fromages sont globalement mal notés par le Nutriscore, c’est que l’algorithme octroie les étiquettes pour des portions de 100 g ou 100 ml. Sébastien Vignette s’insurge : « c’est ridicule, car un Français mange en moyenne 30 g de fromage par jour, soit la quantité recommandée par le ministère de la Santé. »
Pour communiquer plus largement sur sa position, la CGR va réaliser trois émissions en direct sur Facebook pour défendre le roquefort, le savoir-faire qui lui est lié, le lien fort au terroir et le plaisir de le consommer. Frédéric Bonnot, de la Fromagerie des Cévennes, spécialiste du pélardon AOP, conclut : « Le fromage est une caractéristique d’excellence française. Autant dire que nous allons être la risée du monde entier en nous tirant une balle dans le pied en freinant de nous-mêmes la consommation de produits d’une telle qualité. »