Du lait pour le Petit Basque
Surfant sur la vague des laits alternatifs, le Petit Basque a doublé son chiffre d’affaires en quatre ans et agrandit son usine de yaourts.
Surfant sur la vague des laits alternatifs, le Petit Basque a doublé son chiffre d’affaires en quatre ans et agrandit son usine de yaourts.
On pousse les murs dans l’usine le Petit basque de Saint-Médard-d’Eyrans en Gironde. Le groupe Sill a investi neuf millions d’euros sur quatre ans pour s’agrandir et rénover son usine qui fabrique les yaourts et caillé au lait de brebis. Dans les près de 2 500 m² d’extension et d’aménagement, portant la surface totale à près de 8 000 m², l’usine accueille notamment une nouvelle ligne de conditionnement qui représente à elle seule un investissement de trois millions d’euros.
Il faut dire que le marché de l’ultrafrais de brebis a connu une croissance de 26 % en 2017 avec 13 700 tonnes fabriquées selon les données de Syndifrais. L’entreprise girondine en fabrique 58 % et la marque le Petit Basque détient 30 % des parts de marché. « La marque est un enjeu stratégique pour le groupe », assure Frédérick Bourget, directeur marketing de Sill Entreprises qui détient aussi les entreprises bretonnes Malo et Le Gall. Le chiffre d’affaires de la marque le Petit Basque a ainsi été multiplié par deux en quatre ans. Parmi les succès de l’entreprise de 150 salariés, le yaourt en pot carton tronconique inversé, le caillé de brebis ou le Douceur de brebis, devenu la deuxième référence du groupe, qui se décline en nature, citron ou noix de coco. « Pour toute l’usine, nous vendons environ 45 % sous marque Petit basque et le reste pour la restauration ou les marques de distributeurs », décrit Hubert Martin, le directeur du site.
Rencontre et formations pour les éleveurs
Achetant uniquement du lait français, le Petit basque collecte 15 millions de litres de lait de brebis auprès de 111 producteurs de l’Aveyron mais aussi du Tarn, du Tarn-et-Garonne et de la Dordogne. L’approvisionnement régulier en lait est permis par une forte variation saisonnière des prix qui incite à produire en octobre, novembre et décembre plutôt qu’en mars, avril ou mai où le lait est le moins cher. En jouant ainsi sur les dates d’agnelage et sur les complémentarités matière, le Petit basque produit yaourts, desserts et caillés sans avoir à congeler du lait.
« Nous ne cherchons pas spécialement de nouveaux producteurs pour l’instant, explique Lionel Vasselle en charge de l’approvisionnement. Nous comptons surtout sur la croissance organique de nos producteurs pour suivre le besoin croissant de lait ». Âgés de 43 ans en moyenne, les producteurs du Petit Basque se retrouvent annuellement pour la réunion des producteurs ou pour une journée de formation sur une thématique donnée (entretien de la machine à traire, prairies multiespèces…) avec des visites d’élevage. « Nous avons aussi le projet d’amener les salariés de l’usine dans les élevages pour qu’ils se rendent compte de la difficulté de faire du lait », propose Lionel Vasselle.
Un lait gras, décliné en version biologique
Présent au Salon de l’agriculture avec le groupe Sill, le Petit basque communique sur les vertus du lait de brebis. « En magasin comme au salon, nous faisons goûter les yaourts pour que les consommateurs se rendent comptent que le brebis n’a pas un goût fort, explique Frédérick Bourget en mettant en avant la richesse du lait en matière grasse. La matière grasse du lait est très intéressante pour faire des desserts et des crèmes desserts très gourmands. La crème fraîche au lait de brebis intéresse aussi les chefs pour son gras et son liant. »
Pour répondre au besoin de la marque Petit basque autant qu’aux produits sous signature, le bio s’est fortement développé et, aujourd’hui, 40 producteurs sont en agriculture biologique. En parallèle du développement du bio, le Petit Basque croit aussi dans le végétal en lançant sa marque June et en développant des desserts à base de riz, de lait d’amande ou de lait de coco.
Face au développement prévisible du lait de brebis, l’entreprise créée en 1959 prévoit encore des investissements pour les années à venir avec notamment le réaménagement de la ligne des yaourts à pot en carton en 2019-2020. Après, il faudra externaliser ou optimiser encore l’espace car "l’usine atteint les limites en foncier".
Avis d’éleveuse : Sylvie Combernoux, productrice de lait de brebis biologique
« Je produis du lait bio pour Le petit basque »
"Je livre du lait bio au Petit Basque depuis juin 2016. Mon litre de lait bio est payé 1,34 euro en moyenne. Avec des agnelages fin octobre, je commence à traire mes 750 brebis début décembre et j’essaie de me tenir au calendrier prévisionnel de production. C’est normal de rémunérer davantage le lait bio car cela coûte plus. Les intrants sont environ deux fois plus chers et nos rendements sont passés de 70 à 35 quintaux par hectare de céréales. Il a aussi fallu se remettre en cause sur beaucoup de techniques. On a par exemple remplacé les IA par des béliers génomiques achetés 550 euros par tête. En bio, il faut être encore plus technique qu’en conventionnel. Par exemple, je me sers beaucoup des résultats du contrôle laitier ou des analyses des fourrages. Je suis aussi accompagné par les coopératives ou la chambre d’agriculture. C’est stimulant de s’approprier un nouveau métier. J’apprécie aussi la proximité que l’on peut avoir avec le Petit basque et la responsable qualité de l’usine."