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Dans le Maine-et-Loire, un tunnel conçu pour le bien-être des brebis et des éleveurs

Au gaec Pontron, dans le Maine-et-Loire, les éleveurs ont investi dans l’automatisation de la distribution et de la ventilation pour réduire la pénibilité et améliorer le bien-être des ovins.

La ferme d’Éric et de son frère David appartient à la famille Rouillère depuis les années trente. « Il y a toujours eu des brebis ici, au Val d’Erdre-Auxence. Nous sommes aujourd’hui les seuls éleveurs ovins de la commune », souffle, dépité, Éric Rouillère, 43 ans. Il a rejoint l’exploitation familiale en 2001, qui se trouve à une demi-heure de route au nord-ouest d’Angers, lors du départ à la retraite de son père. Son frère David, 38 ans, l’a rejoint en 2007, permettant par là même une augmentation de 100 têtes. Le troupeau compte aujourd’hui 900 brebis suffolk croisées charollais et 35 béliers.

Les bâtiments hérités, bientôt séculaires, sont vétustes et un peu labyrinthiques. S’ils sont encore utilisés aujourd’hui, c’est pour accueillir les mises bas, les réformes et les quarantaines, ainsi que la salle de tonte et le couloir de contention. En 2010, les frères associés sautent le pas et construisent un premier tunnel dédié à l’engraissement des agneaux. « Avant cela, nous faisions des agneaux d’herbe », explique Éric. En effet, le système d’élevage est basé sur le plein air intégral, avec les 115 hectares de SAU, tout en prairies naturelles. Le passage à l’engraissement en bergerie a été mûrement réfléchi. Les agneaux sont vendus à Terrena qui les passe sous le label Bleu Blanc Cœur avec la marque locale Agneau d’Anvial. Le cahier des charges stipule que l’agneau peut soit être à l’herbe, soit nourri avec un aliment enrichi en lin. Éric et David Rouillère ont choisi la deuxième option. « Faire l’engraissement en bergerie nous coûte un peu plus cher en concentrés, reconnaît Éric. Mais c’est beaucoup plus pratique, le gain de temps est phénoménal. Sans compter que la croissance est plus rapide et fait gagner près de 15 jours sur l’engraissement à l’herbe. »

L’éleveur remarque d’ailleurs que si la consommation de concentrés s’avère plus faible à l’herbe qu’en bergerie, l’écart n’est pas si flagrant, tandis que l’autonomie fourragère était limite lorsque les agneaux restaient dehors. « Nous avons eu des problèmes de boiteries et de mal blanc qui ont pénalisé la croissance et le développement des agneaux d’herbe », se remémore David Rouillère.

Le tunnel dédié à l’engraissement des agneaux, qui s’étend sur 225 m², comporte une chaîne d’alimentation avec cinq nourrisseurs répartis le long du bâtiment. Le couloir de contention et la balance se trouvent également là. L’ensemble tunnel – silos – chaîne d’alimentation a représenté un investissement de 20 000 euros. « Nous avons fait le choix du tunnel car c’est la construction en dur qui revient le moins cher mais qui permet quand même une assez bonne isolation thermique. » De plus, une bonne partie des travaux a été faite en autoconstruction. « Le vendeur vient faire l’implantation du bâtiment et pose la bâche à la fin. Nous avons fait tout le reste », précise David Rouillère.

Le concentré et la paille, servie dans des râteliers ronds, sont distribués à volonté. Pour améliorer l’ambiance dans le tunnel, les éleveurs ont investi, il y a quatre ans, dans une gaine de ventilation dynamique sur les 24 mètres de longueur du bâtiment, pour un montant de 5 000 euros. « Le système se lance automatiquement pour la régulation de la température, la consigne étant de 9 °C », détaille Éric Rouillère.

La pièce maîtresse de l’élevage, c’est le tunnel pour les brebis en lactation. Quand on franchit les portes, pas d’odeurs d’ammoniac, une belle luminosité naturelle enrichie de quelques néons. Les brebis sont calmes, quelques petits agneaux se baladent dans les passages de tracteur. Le tunnel date de 2011 mais il a été doublé dans sa largeur en 2019, passant ainsi de 215 à 450 places aux cornadis, pour 1 150 m² (45*25,60 mètres). « L’ancien bâtiment était déjà équipé de cornadis et nous ne nous serions pas vus faire machine arrière, souligne Éric Rouillère. Nous faisons toutes les manipulations grâce à cela : échographies, poses d’éponges, tri des agneaux, sevrage, etc. »

Cette fois-ci la ventilation est intégrée dans le bâtiment conçu par Filclair et elle est entièrement automatisée, même si les éleveurs peuvent à tout moment reprendre la main. Sur les deux grandes longueurs du tunnel, les parois sont en moellons, puis en panneaux sandwich. Un filet brise-vent fixe prend la relève pour monter jusqu’au toit. Selon la température intérieure du bâtiment, qui doit être comprise entre 10 et 13 °C en hiver, une bâche plastique se déroule ou remonte tout le long du filet. Le filet et la bâche assurent la ventilation latérale tandis que la ventilation verticale se fait par le toit, qui peut s’ouvrir sur une largeur de deux mètres à la jonction entre murs et plafond. « Le tout fonctionne avec une station météo installée à l’extérieur en hauteur, explique Éric Rouillère. Le toit ouvrant détecte la pluie et se referme pour éviter que l’eau ne tombe dans le bâtiment. » La station météo dispose d’un anémomètre qui relève la vitesse et le sens du vent. Ces informations sont disponibles sur le boîtier de commandes. Enfin, les portes d’accès au couloir, de part et d’autre du bâtiment, comportent des tôles translucides, qui participent à la clarté ambiante du tunnel. L’ensemble du bâtiment double a coûté 110 000 euros dont environ 3 000 euros nécessaires pour l'automatisation de la ventilation. « Nous avons gagné en confort de travail avec ce bâtiment et nous notons un recul des problèmes pulmonaires des brebis. Les litières sont aussi plus propres », argumentent les associés du gaec. D’ailleurs, si c’était à refaire, ils mettraient en place le même système de ventilation dans le tunnel d’engraissement, mais « ça ne se faisait pas trop en ovin quand nous l’avons construit », regrette Éric.

S’il n’y a pas de nouvel investissement prévu dans les années à venir, les frères associés misent plutôt sur une augmentation de la productivité de leurs brebis. Ils sont pour cela passés au contrôle de performance et font la chasse aux mauvaises laitières. Les échographies leur permettent aussi de faire des lots cohérents et de repasser les brebis vides à la reproduction.

Un travail d’astreinte moins pénible avec un robot distributeur

Lorsque le tunnel a doublé de volume, les deux frères ont décidé de s’équiper pour la distribution alimentaire. En plus de leur dérouleuse-pailleuse, ils ont investi 22 000 euros en 2019 dans une distributrice d’aliments automotrice. « Nous avons choisi la marque Robot System de Silofarm car leur robot est le seul qui soit combiné à un repousse-fourrage. » Pour eux, le gain de temps et la réduction de la pénibilité sont inestimables. « Nous faisons tout seul et dans le même délai ce que nous faisions à deux avant, la difficulté physique en moins », apprécie Éric Rouillère. Ils ont d’ailleurs veillé à ce que la capacité du robot soit suffisante pour distribuer l’aliment en une seule fois à tout le bâtiment sans avoir besoin de repasser par la case silo, soit un volume de 800 litres. « Nous ne distribuons qu’un repas par jour, les brebis sont plus calmes comme ça, développe Éric. On repousse tout de suite le fourrage après distribution, puis on repousse une nouvelle fois le soir et c’est suffisant. »

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