Cassandre Matras, cheffe de projets en études économiques et conjoncture ovine à Institut de l’élevage
Comment se présentaient les flux mondiaux de viande ovine en fin d’année 2022 ?
« Au niveau des pays d’Océanie, on observe depuis quelque temps une érosion du cheptel ovin néo-zélandais, au profit des bovins laitiers et de la foresterie entre autres, tandis que l’Australie reprend du poil de la bête depuis les fortes chaleurs et incendies ravageurs de 2019-2020. La Chine draine toujours une part importante des exports de viande ovine néo-zélandaise et ce marché arrange bien les Kiwis. La proximité géographique, les volumes et les pièces demandées (avec peu de découpes) en font un marché avantageux. Néanmoins, nous devons rester vigilants car à tout moment la situation peut basculer. La Chine ayant reconstitué une partie de son cheptel porcin, va de fait être moins dépendante des importations de protéines animales. Et la Nouvelle-Zélande a obtenu des contingents tarifaires de taille importante vers l’UE à 27, ce qui en cas de réorientation des flux, pourrait faire chuter la cotation de l’agneau.
La viande ovine océanienne toujours incontournable
Au niveau de l’Union européenne, l’approvisionnement en interne est toujours compliqué après le Brexit et les annonces successives de No Deal entraînant des décapitalisations à tout-va. Ainsi le recours à la viande océanienne est inévitable. Entre 2015 et 2021, l’Irlande est passée de 30 à 15 % d’exportations de viande ovine vers le Royaume-Uni et a prospecté vers d’autres marchés. Le Royaume-Uni ne devrait plus tarder à revenir dans la course, les exports vers la France ont repris progressivement.
L’Espagne n’est pas très dynamique sur le marché de la viande en revanche on observe une augmentation de l’activité sur l’export d’animaux vifs, notamment vers des marchés émergents tels que l’Arabie saoudite et la Jordanie, délaissant le marché français. Cette baisse d’import de vifs impacte directement les volumes abattus sur le sol français.
Plus globalement, les pays du pourtour méditerranéen ont été fortement impactés par la sécheresse 2022 et les pays du nord, tel que l’Irlande, sont plus résilients."