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Viande in vitro : qui veut gagner un million de dollars ?

L’Académie de la viande se dit très sceptique sur le projet de viande artificielle, pour lequel Peta offre un million de dollars de récompense. Les obstacles techniques et économiques restent élevés.
«Viande de culture, la viande sans animaux : réalité ou fiction ? » Cette question était à l’ordre du jour d’une réunion à l’Académie de la viande, le 25 mai à Paris. Elle n’a rien de farfelu, plusieurs projets de recherche ayant démarré sur la production de viande via la culture de cellules. Des laboratoires, aux Pays-Bas notamment, ont été sensibles à la récompense d’un million de dollars offerte par l’association de défense des animaux Peta (lire l’encadré). « L’Académie de la viande se déclare très sceptique sur les perspectives de développement dans l’alimentation des viandes artificielles », prévient-t-elle dans un communiqué. Un avis basé sur les arguments des chercheurs Jean-François Hocquette, de l’Inra Theix, et Dominique Bauchart, président du GIS Viande à Clermont-Ferrand, présents à la réunion. La technique, développée à l’Inra comme ailleurs, repose sur l’incubation de cellules à 37° dans des boîtes ou des tubes sous atmosphère gazeuse contrôlée et contenant les nutriments, les hormones, les facteurs de croissance et autres molécules nécessaires à leur croissance. Elle permet d’obtenir in vitro, mais avec un rendement très faible, une couche de fibres musculaires.

Un projet « utopique »
« On ne sait pas produire du muscle, qui est un tissu composite, avec des cellules adipeuses, des capillaires sanguins, a expliqué Jean-François Hocquette. Une difficulté majeure est d’obtenir la vascularisation qui apporterait nutriments et facteurs de croissance aux cellules. Produire de la viande, qui résulte d’une maturation post mortem du muscle, représente une autre étape. » Le frein économique est tout aussi important. Les mieux placés dans la course au million de dollars, réunis dans The In Vitro Meat Consortium, estiment entre 3,30 à 3,50 euros par kilo le coût de revient de la viande de laboratoire. Un chiffrage deux fois supérieur à celui du poulet et qui reste incomplet puisque les rejets et les infrastructures ne sont pas pris en compte. « Ce projet reste utopique », a conclu Jean-François Hocquette.

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