Viande de porc : toute une filière affaiblie
> En 2014, le secteur de la charcuterie avait retrouvé un résultat courant avant impôt équivalent à 2,2 % du CA.
Sur l'année 2015, le marché français du porc a été fragilisé par la fermeture du marché russe, aux effets non compensés par les exportations supplémentaires vers l'Asie, et par une offre européenne en développement (+4 % sur les neuf premiers mois de 2015). Le tout dans un contexte de consommation intérieure en repli pour le porc frais. Dans cette conjoncture, quelles marges ont pu tirer les différents maillons de la chaîne agroalimentaire ? C'est ce qu'a étudié le dernier rapport de l'observatoire des prix et des marges des produits alimentaires remis au Parlement le 11 avril dernier par son président, Philippe Chalmin. Premier constat : « malgré la baisse du coût de production (diminution du prix des aliments), il a manqué environ 8 centimes d'euro par kilogramme de carcasse (sur un prix moyen de 1,40 euro) pour rémunérer le travail et le capital de l'éleveur aux standards retenus (soit 1,5 Smic et taux du livret A) », note le rapport.
Transmission de la baisse par l'abattageAu maillon suivant, l'étude des prix et des indicateurs de la longe montre une transmission intégrale de la baisse du prix du porc par l'abattage-découpe. Un phénomène confirmé par l'indicateur trimestriel de gestion de FranceAgri-Mer qui annonce pour les neuf premiers mois de 2015 un résultat courant de - 0,02 euro/kg de carcasse traitée pour le maillon abattage-découpe de viande porcine. Pas de marges importantes à dénoncer non plus du côté de la grande distribution. Selon le rapport de l'observatoire, la marge nette avant impôt serait de - 2,1 % du chiffre d'affaires sur le rayon boucherie en GMS. La marge nette est négative dans ce rayon pour six enseignes sur sept étudiées.
Charcuterie : le rayon « tiroir-caisse »Il en va, en revanche, autrement pour la charcuterie. En 2014, selon l'observatoire, les entreprises du secteur de la charcuterie avaient bénéficié de la baisse du prix des achats de la matière première (et ce, après les hausses enregistrées en 2011 et 2012). Le secteur avait ainsi retrouvé un résultat courant avant impôt équivalent à 2,2 % du chiffre d'affaires, ce qui n'était plus le cas depuis 2011. On peut supposer que la baisse des cours du porc a continué de profiter au secteur en 2015. À moins que la grande distribution n'ait mis la pression sur ces entreprises. Il faut dire que la charcuterie est un peu « le tiroir-caisse » des rayons frais de la distribution. Il s'agit du rayon étudié par l'observatoire des prix et des marges présentant la marge nette la plus élevée avec en moyenne 8,90 euros pour 100 euros de chiffre d'affaires.
Un rayon à marge positive dans toutes les enseignes étudiées. La tendance de consommation s'y prête. Selon le panel Kantar, les volumes d'achat des ménages en jambon cuit ont augmenté de 2007 à 2013 (excepté 2011 ) au rythme de 1,5 % à 2,5 % par an selon les années (2 % par an en moyenne). Mais ce rythme se ralentit en 2014 (0,4 %) et s'inverse en 2015 (-0,54 %), rappelle le rapport.